mardi 20 novembre 2012

La Garde meurt à Krasnoïe - 17 novembre 1812

Vendredi dernier, notre groupe de cinq joueurs s'est réuni pour commencer une partie que nous avions projeté de terminer le lendemain. Le scénario que j'avais choisi était évident puisque la bataille de Krasnoïe s'est déroulée précisemment 200 ans plus tôt, du 16 au 18 novembre 1812 . Cette "bataille" n'en est d'ailleurs pas vraiment une, puisque les Russes ont refusé de s'engager à fond alors qu'ils auraient pu profiter de leur grande supériorité numérique pour en finir avec l'Empereur Napoléon et son armée. Au lieu de cela, Kutuzoff et Mileradovitch se sont surtout contentés de regarder passer les Français en les pilonnant de leur nombreuse artillerie, occasionnant tout de même des pertes sensibles.

Nous avons rejoué le seul passage de cette affaire qui soit d'un certain intérêt ludique, à savoir le retour offensif de la Jeune Garde, le 17 novembre au matin. A ce moment-là, les Russes de Tormazoff réalisent un grand mouvement tournant au sud de la ville pour bloquer la retraite des français plus à l'ouest. Cette marche n'a été entreprise par le généralissime Kutuzoff que parce qu'il s'est persuadé que Napoléon a déjà quitté Krasnoïe et qu'il n'aura a affronté que ses lieutenants. Si Tormazzoff parvient à refermer son étreinte, la queue de l'armée française sera prise. En ce moment même, le Ier corps du maréchal Davout s'écoule lentement, harcelé par des myriades de Cosaques. Mais l'Empereur est toujours là et lorsque le jour se lève, les Russes ont la surprise de trouver un corps adverse en marche contre leur centre à Ouvarovo. Il s'agit de la Jeune Garde commandée par le Duc de Trèvise. L'Empereur espère ainsi impressionner suffisement Kutuzoff pour mettre fin à son opération de contournement. (scénar paru dans le numéro 107 de Vae Victis)

Pour commencer, une vue générale depuis l'est du champ de bataille. Au premier plan, la 3ème division d'infanterie russe avec le Prince Gallitzin, commandant le IIIème corps. Sur la colline à droite, la 2ème division de cuirassiers du général Duka.
Au milieu de la table, les Français. Au fond, les faubourgs de Krasnoïe.

Sur le plateau, le corps de Jeune Garde du maréchal Mortier, Duc de Trévise, avec la division Roguet à l'aile droite et la division Delaborde à gauche. Quatre batteries d'artillerie de la Garde et une maigre cavalerie accompagnent Mortier.

En arrière, le colonel Tindal avec deux bataillons du Leib Regiment hessois rattaché à la Jeune Garde et du 3ème Grenadiers à pied hollandais.



En défense de Krasnoïe, le général Claparède avec les débris de sa Légion de la Vistule (3 bataillons) et 2 batteries de la Garde. 2 bataillons d'isolés réunis tiennent les barricades qui entravent les rues du faubourg.

De l'autre côté du ruisseau, les débris de la cavalerie de la Grande Armée : un pauvre régiment réuni ...
 Devant Krasnoïe, la réserve générale : 3 bataillons de la Vieille Garde et 2 régiments de cavalerie formés de toutes les composantes de la Garde à cheval encore montées. Parmi eux, l'Empereur Napoléon lui-même.


La 3ème division russe - 8 bataillons d'infanterie, soutenu par une puissante artillerie de 36 pièces.

Une brigade de cuirassiers s'avance et traverse le ravin sur la gauche du corps de Mortier.
La deuxième brigade reste pour l'instant en réserve

Les éléments avancés de la Jeune Garde marche sur Ouvarovo.
Les Russes lancent une contre-attaque vigoureuse en direction du pont, soutenus par leur artillerie qui inflige le premier sang.
Pendant ce temps, la petite cavalerie de Mortier (un escadron de lanciers rouges et un escadron de chasseurs à cheval portugais) tente d'éloigner la menace cosaque qui apparait sur les flancs.
Les combats font rage dans le village tandis que la gauche de la division Delaborde se ferme prudemment devant le mouvement des cuirassiers russes.
Car la première brigade est bientôt suivie par le reste de la division de Douka.

Dans Ouvarovo, les pertes s'accumulent et les affaires se compliquent pour les Français. L'infanterie russe tient parfaitement le choc et leurs tirailleurs infligent des pertes iportantes aux bataillons français qui sont en outre menacés par un mouvement de flanc de la deuxième brigade.
Roguet nettoie le pont mais l'aile tournante du général Schakhovskoï est déjà sur son flanc et oblige les voltigeurs à abandonner le village.

La situation est dangereuse car toute la ligne française peut désormais être prise en défaut.

Sur l'aile gauche, Tindal et sa petite brigade marche pour contrer les cuirassiers russes.
Tandis que la Vieille Garde, sentant le vent tourner, monte en ligne. En face d'elle, un détachement ennemi s'avance dans la brume.

Rien ne va plus pour les Français car même les Cosaques mettent en péril la cavalerie de Mortier.
Finalement les cuirassiers attaquent. Les bataillons de Tindal vont tenter de tenir le choc en restant en ligne.
Le tir à courte portée leur inflige de sérieuses pertes et l'élite de la cavalerie russe est ensuite ramenée par les baïonnettes de la Garde. La première brigade de cuirassiers est pratiquement hors de combat, ça lui apprendra à charger pleine face d'une infanterie en bonne état, d'élite de surcroit !
Bon, à vrai dire, 5 régiments de cuirassiers en imposent tout de même assez pour que les réserves de cavalerie françaises soient également envoyées en soutien de ce coté-ci.

Et pourtant, l'attaque se produit aussi à l'aile droite (les dragons simulent ici 2 rgts de cuirassiers de la Garde russe).

Là encore, les tirs des Français font mouche, mais il en faut plus pour casser le moral de ces troupes d'élite. L'attaque est repoussée, mais les pertes sont sévères des deux côtés puisque Claparède ped une batterie dans l'affaire.
Pendant ce temps, tout va mal pour la Jeune Garde. Il n'y a pas de photos de ces phases de la bataille tellement le résultat a monopolisé l'attention de tous les joueurs, mais Bruno (3° division russe) a réussi une attaque tellement puissante qu'il est parvenu à détruire directement (par le contact de flanc) ou indirectement (par les tests de moral provoqués par les déroutes en cascade) la presque totalité de la division Roguet : 5 bataillons disparaissent en un seul tour !
Plus bas, les charges des cuirassiers russes déferlent sur le plateau et empêchent ls Français de secourir leur droite en péril. Delaborde tient le choc mais il s'en est fallu de peu qu'il ne subisse le même sort car pris de panique, il commence à évacuer tout le plateau et se met ainsi en grave danger d'être aussi pris de flanc sur sa gauche !
C'est la fin de soirée et les affaires de Napoléon ne vont pas bien du tout ! Le corps de la Jeune Garde est à moitié détruit ou peu s'en faut et la moitié de son artillerie est gravement menacée, les pertes russes ne sont pas négligeables grâce à une bonne concentration initiale de l'artillerie française, mais voici des renforts imposants qui arrivent : la division des grenadiers de Stroganoff. Au fond à gauche, Nicolas fait avancer le corps qui menace directement Krasnoïe et y bloque les réserves françaises. Au centre, les Cosaques ont fait place nette en éliminant les petits détachements de cavalerie française qui tentaient de leur barrer la route.

La situation est telle que nous décidons de remettre les choses à plat car même s'il reste des troupes à jouer, il y a fort à parier que le corps de Mortier sera entièrement détruit avant de rejoindre Krasnoïe. Les Russes sont déclarés vainqueurs et nous optons pour une entorse à l'Histoire avec un repositionnement des troupes pour la partie du lendemain. Les Français très amoindris recevront en outre le renfort de la division Compans du Ier corps, celle-là même qui avait prolongé la ligne de Mortier le 17 novembre 1812.


Dans la réalité, le combat s'était beaucoup "mieux" passé pour les Français, si l'on peut dire. Napoléon arrive à ses fins. Dès l'annonce de la marche offensive ennemie, Kutuzoff qui a compris que l'Empereur est là, suspend le mouvement de Tormazoff. Pour la Jeune Garde, le résultat est assez proche du nôtre, puisqu'elle combat toute la journée et laisse la moitié des siens sur la neige ensanglantée. Mais son sacrifice n'est pas vain puisqu'elle sauve - momentanément - le Ier corps et un très grand nombre de traînards.


A suivre très bientôt donc, avec le compte-rendu de notre 2° bataille de Krasnoïe.

12 commentaires:

pacofeanor a dit…

superbe ! on en redemande (même si ils sont tout petits en 15mm.....)
cordialement
paco

ESMBEL a dit…

Encore une fois, c'est nickel!
Je vous envie de pouvoir développer et réaliser ce genre de reconstitution!
Superbe ce CR!
Continue...

Oncle Ho a dit…

L'Empire, ya que ca de vrai !
Bravo, c'est superbe et dans le jus
Merci de faire profiter

les figurines de SPOCK a dit…

très bon rapport dommage pour les gentils français ils ont mangé grave :(

Apa a dit…

Merci à vous ! Et c'est pas fini, il reste Krasnoïe 2 et je crois qu'on va déjà remettre ça ce week-end. J'ai mis le temps, mais cette fois ça y est ! On ira jusqu'à la défense de Paris ! :)

Phil a dit…

Magnifique! Et dire que j'ai failli loupé ça pour un lien qui ne fonctionnait pas!
Alors, dans le désordre :
- Super CR, j'aime beaucoup...
- Dans une semaine je mets en ligne la partie qu'on va jouer ce week end : Vinkowo, de Vae Victis! Je vois qu'on a (presque) eu la même idée...
- Très joli rendu de neige...c'est aussi ce que je voulais faire, mais on m'a dit qu'en octobre 1812, pas de neige...bravo à vous!
- Et super blog, que je découvre...et auquel je m'abonne!
A+.
Phil.

Apa a dit…

Merci Phil :)

Pour Vinkowo, c'est moi qui ai fait le scénar :) mais à la relecture, je le trouve pas très clair, finalement. En plus, j'ai trouvé de nouvelles infos après l'avoir rendu.
Je te conseille d'augmenter la profondeur de la table. Et il ne faut pas hésiter à crére de vatses espaces de cantonnements dans la zone de déploiement française.

Et en effet, pas encore de neige à la mi octobre. Elle commence à tomber quelques jours après cela.

Pour nous, ce week-end, c'est Smoliany. Et la semaine prochaine, on devrait passer la Bérézina !!!

Phil a dit…

J'aurai donc l'honneur de jouer ton scénar! Je vais essayer de tenir compte de tes conseils!
A+.

James Fisher a dit…

Franck,
Merci pour rendre visite de notre blog communal et m'a avis de votre blog formidable. Cet jeu et les autres de Polotsk et Maloyaroslavets sont fantastique! J'ai commandé vol 107 de Vae Victus pour m'aide d'écrire votre scénarios.
Quels règles vous utilisez?
Cordialement,
James

Apa a dit…

Hi James,
Thanks for the nice comment and the post on your blog !
We will play Wyasma some day for sure.
Yesterday was a Russian victory against IX° corps d'armée at Smoliany and next week-end... well the French will defend the crossing of the Berezina. i think this battle is not very often played. The scenario will be in Vae Victis next issue (january 2013).
And after that, Saxony in 1813 :)

Thanks again,
Franck

el frances a dit…

Bravo pour cette belle reconstitution.
Je suis, au passage, admiratif devant la "salle des batailles"...

Apa a dit…

Merci Philippe.
Pour la salle de jeu, tu ne vois malheureusement pas grand chose sur les photos. Le copain chez qui on joue a aménagé une pièce oncroyable avec une table de près de 7 mètres de long et 3 murs entiers couverts de vitrines pleines de figurines 15mm... Parfois il est bon de fréquenter des fous furieux ! :))

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