Pour mémoire, je redonne ici l’article que j’avais fait pour le Vae Victis n°106, ainsi que les cartes qui permettront de remettre en perspective la bataille et la campagne du printemps 1862 dans le Tennessee.
Il existait déjà deux scénarios traitant des premières phases de la bataille, à savoir les attaques sur les divisions Prentiss et Sherman. Le premier se trouve à la suite de l’article, le second est ICI. Ils sont jouables avec notre règle "Guerre civile" mais également faciles à adapter à d'autres systèmes de jeu.
Dans quelques jours, le prochain article de ce blog présentera un compte-rendu photo de notre Shiloh du 6 avril.
Les illustrations sont de l'auteur, les photos de figurines par Jérémie Lefebvre.
SHILOH, la fin de l'innocence
À l’ouest des Appalaches, les premiers mois de l’année 1862 sont synonymes d’échecs à répétition pour les partisans de la Confédération. Leur cause est en grand péril avec la rupture de la fragile ligne de défense qui bordait la frontière du Kentucky. A la mi-mars, le Sud profond est envahi par les forces de l’Union.
Le général Albert Sidney Johnston est le responsable confédéré d’un immense territoire s’étendant du fleuve Mississippi aux confins orientaux du Kentucky et du Tennessee. Pour protéger un front de 800 km, il dispose de moyens réduits (environ 70 000 hommes) disséminés en plusieurs groupes car le président Davis lui impose de défendre l'intégralité du territoire. Face à lui, le général Halleck, qui commande le Département de l'Ouest, dispose de près de 120 000 hommes en trois armées. L’une dirigée par John Pope fait campagne le long du Mississippi et n’apparaît pas dans les événements qui nous intéressent ici, mais les deux autres en seront des acteurs essentiels. En particulier celle du général Grant.
A.S. Johnston (1803-1862)
Ulysses S. Grant est, comme Johnston un ancien de la guerre du Mexique. Il a 39 ans, 20 de moins que son adversaire, et n'est nommé colonel en 1861 que grâce à ses appuis politiques. Pourtant, il fait vite parler de lui en malmenant les troupes rebelles à Belmont, en novembre 1861. Devenu général, il signe sa première action d’éclat en s’emparant du Fort Henry sur le fleuve Tennessee, le 6 février 1862. Il coupe ainsi en deux les forces sudistes de la ligne du Kentucky. Puis il récidive dès le 16 février avec le Fort Donelson, sur la rivière Cumberland et gagne le grade de général de division.
U.S. Grant (1822-1885)
Cette bataille parachève un mouvement stratégique de première importance qui ouvre la voie fluviale vers le Deep South inexplicablement laissée sans défense par les rebelles braqués sur leurs forteresses du Mississippi. En une quinzaine de jour et pour sa première campagne, Grant a gravement mis en péril tout l’édifice défensif de la Confédération sur le front de l’Ouest.
Halleck décide maintenant de s’emparer de Corinth, un important nœud ferroviaire dans le nord du Mississippi pour paralyser un peu plus les mouvements rebelles, avant d’agir contre Memphis. Les opérations reprennent et une semaine après la chute de Donelson, A.S. Johnston doit évacuer Nashville, menacé d’encerclement par l’armée du Tennessee de Grant et l’armée de l’Ohio du général Buell. Puis vient le tour de la forteresse de Columbus, dont les défenseurs se retrouvent isolés suite à la percée nordiste et au repli de Johnston. Le Kentucky et presque tout le Tennessee sont aux mains de l’Union. À la mi-mars, Grant est à Savannah, une petite ville du Tennessee, et son armée stationne sur les rives du fleuve, à quelques kilomètres au nord de Corinth. Buell est à Nashville d'où il doit venir se joindre à Grant pour opérer contre Corinth.
C'est là que Sidney Johnston rassemble ses forces. Elles arrivent de Nashville, de Columbus avec Polk, un général-évêque qui allait vite se révéler frondeur et incompétent, de la Louisiane et de l’Alabama avec le fat et austère Braxton Bragg, et de l’Arkansas. Johnston est désormais secondé par le général Beauregard, un fantasque Créole dont le président Davis vient obligeamment de se débarrasser en l'envoyant dans l'Ouest. Beauregard est une célébrité, vainqueur de la bataille de Bull Run l'été précédent. Il arrive donc auréolé d'une certaine gloire et c'est à lui que s'en remet Johnston pour élaborer le plan d'attaque contre Grant. L'idée générale est d'exercer une forte pression sur l'aile gauche fédérale pour la couper du fleuve, puis se rabattre sur le centre et la droite pour acculer l'ennemi aux terrains marécageux qui bordent la Owl Creek et le forcer à la reddition. Les modalités d'exécution se doivent d'être simples car l’armée confédérée est essentiellement composée de nouvelles recrues commandées par des chefs sans expérience. De plus, le terrain dans lequel se passera l'affrontement est une zone accidentée, couverte d'une forêt très dense entrecoupée de mauvais chemins et à peine aérée de quelques clairières. Le temps presse car pour redresser la situation, il faut agir avant que les deux armées fédérales n'aient fait leur jonction.
Une laborieuse mise en place
L'armée fédérale campe sur la rive droite du Tennessee depuis la mi-mars au lieu-dit Pittsburg Landing, un débarcadère. La 5ème division de Sherman est la première arrivée sur le site. Elle occupe donc les principaux points d'accès, routes, gués, etc. C'est la raison pour laquelle une de ses brigades (colonel Stuart) est postée à 2,5 km du gros des troupes. Elle surveille la route de Hamburg à Savannah et le gué sur la Lick Creek. Le reste de la division est beaucoup plus à l'ouest, autour de l'église de Shiloh (brigades Hildebrand et Buckland) et jusqu'à l'Owl Creek (brigade McDowell). Ces trois brigades sont étirées sur 1,5 km, celle de Stuart est bien entendu hors du commandement direct de Sherman.
Entre Stuart et l'église de Shiloh se trouvent les cantonnements de la 6ème division du général Prentiss. Après la guerre, Sherman fera tout pour le cacher, mais il existe un vide de plus de 600 mètres entre leurs deux divisions. Plus grave encore, il n'y a aucune position préparée, aucun retranchement, pas un abattis sur le front des troupes. En effet, une grande sérénité règne dans le camp et les régiments se sont installés en privilégiant le confort et la facilité d'accès aux points d'eau sur les plus élémentaires mesures de sécurité. Il faut aussi noter que ces deux divisions, les plus exposées de l'armée, sont presque intégralement composées de jeunes recrues sans expérience (Sherman dit de ses hommes qu'ils ont « autant d'idées sur la guerre que des enfants »). Entre elles et le débarcadère s'étagent les campements de McClernand, W.H.L. Wallace et Hurlbut qui regroupent les vétérans des combats de Fort Donelson et de la campagne du Kentucky. Une sixième division (Lew Wallace) est à Crump's Landing, plusieurs kilomètres plus haut sur le fleuve.
Depuis l'arrivée des troupes fédérales dans les environs de Pittsburg, à la mi mars, les reconnaissances rebelles ne cessent de venir les tester. Les hommes se sont habitués aux nombreux départs de fusillades que cela implique et ne paniquent plus à la moindre alerte. Sherman a connu quelques déboires dus à une inquiétude excessive dans des circonstances similaires dans le Kentucky en 1861. Suite à cela, il est devenu la risée de la presse et maintenant que l'affaire s'est un peu tassée, il ne compte pas se faire remarquer à nouveau. Il a donc tendance à rejeter en bloc toutes les alertes venant de ces avant-postes. Prentiss est dans le même état d'esprit.
Tout montre que les chefs de l'Union, tant Grant que Sherman, ne s'attendaient pas à voir les rebelles sortir de leurs retranchements de Corinth pour les attaquer. Pourtant, Johnston n'avait guère le choix. Ses nombreux échecs depuis le début de la campagne du Kentucky nécessitaient une action dynamique et surtout une grande victoire qui lui permettrait de renverser la situation et de racheter son honneur militaire.
Benjamin Prentiss (1819-1901)
Le 2 avril, l'état-major confédéré apprend que Buell a passé la Duck River et reprend sa marche vers Pittsburg. Il est temps d'attaquer. Le départ est prévu pour le lendemain à l'aube. L'armée, environ 38 000 hommes, se formera trois lignes à quelques kilomètres de l'ennemi : le IIIème corps de Hardee augmenté d'une brigade de Bragg fera la première vague, suivi des 5 autres brigades du IIème corps de Bragg, puis des 4 du Ier corps de Polk. Breckinridge (3 brigades) formera la réserve.
Malheureusement, dès le début, rien ne se passe comme prévu. Les départs prennent plusieurs heures de retard dans la plus totale confusion. Les deux routes que doivent suivre les troupes sont embouteillées, l'ordre de marche n'est pas suivi et occasionne des retards, des altercations entre les officiers. Pour couronner le tout, le temps est exécrable. La pluie se transforme bientôt en véritable déluge nocturne. Au mieux, les soldats rebelles dorment sous des torrents d'eau, à la belle étoile (expression toute relative dans ce cas précis). Mais pour certains, la marche continue de nuit, dans la boue jusqu'au genou sur des routes défoncées, tout en traînant les chariots de ravitaillement embourbés. À cela s'ajoute une accumulation d'erreurs – ou plutôt d'imprécisions – d'état-major. Tous ces délais vont s'avérer décisifs au final car l'attaque va prendre 36 heures de retard.
Au soir du 5 avril, les principaux généraux confédérés se réunissent en une fiévreuse assemblée dans un quartier général improvisé à seulement 2,5 km des lignes ennemies. Beauregard est convaincu que le moment est passé et qu'il faut se replier sur Corinth. En effet, les hommes de Hardee, les seuls à être en place depuis 7h00 du matin, ont tiraillé toute la journée contre les piquets fédéraux. A leur arrivée en position, les soldats déchargent leurs armes en l'air, parfois par salves entières, pour vérifier que la pluie ne les a pas endommagées. L'effet de surprise est certainement éventé et l'ennemi doit être retranché « jusqu'aux oreilles ». De plus, les rations sont épuisées et les troupes dans un état lamentable après deux jours et une nuit de marche dans des conditions aussi dures. Mais Polk, très agressif, parle en faveur de l'action. Encouragé, l'indécis Sidney Johnston, fait pour une fois preuve d'un esprit d'initiative digne de son rang : « Gentlemen, nous attaquerons demain matin à l'aube ».
Pourtant, les Fédéraux ne se doutent toujours de rien, ou presque. Contrairement à ses supérieurs, le colonel Everett Peabody, commandant une brigade de Prentiss stationnée autour de Spain Field, ne considère pas toutes les alertes reçues depuis deux jours comme autant de foutaises. De son propre chef, il envoie le major Powell en reconnaissance dans la nuit du 5 au 6 avril. Powell avance prudemment et pénètre aux alentours de 5h00 du matin dans Fraley Field, juste à l'ouest de la route Pittsburg-Corinth. A cet endroit, il tombe sur les tirailleurs du 3rd Mississippi battalion du major Hardcastle. Aucun des deux camps n'accepte de céder du terrain et la rencontre dégénère en escarmouche. La bataille de Shiloh vient de commencer.
« Ce soir, nous ferons boire nos chevaux dans le Tennessee » (A.S. Johnston à son état-major, dimanche 6 avril à l'aube)
Croyant percevoir un mouvement de cavalerie sur son aile gauche, Powell décide finalement de reculer de peur d'être tourné. Il est environ 6h30. L'armée confédérée se met en mouvement. Peabody renforce l'avant-garde qui retraite, pressée par l'ennemi supérieur en nombre. Prentiss s'en prend violemment à lui : « Colonel Peabody, je vous tiendrai personnellement responsable du déclenchement de cet engagement » éructe-t-il. L'officier, écœuré, part se mettre à la tête de ses hommes sur une petite hauteur. Soudain une nuée de lapins affolés grimpent la côte à toute allure et traverse la ligne des soldats bleus. Quelques instants plus tard, une « énorme force de confédérés » apparaît dans les sous-bois. À ce moment-là, il est probable que personne dans le camp fédéral n'ait encore la moindre idée de l'ampleur de ce qui se prépare.
L'attaque rebelle a du mal à se mettre en place. L'armée qui s'étendait sur 2 km s'étire encore. Déjà, de nombreuses unités ont dévié de leur axe d'attaque à cause de la difficulté à évoluer dans les bois. Au centre, Hardee a formé une division provisoire sous Hindman composée de sa brigade (sous le colonel Shaver) et de celle de S.A.M. Wood, pour alléger la chaîne de commandement. Shaver et quatre régiments marchent contre Prentiss, mais le reste de sa brigade et celle de Pat Cleburne s'attaquent, plus au nord, aux avant-postes de Sherman. Celui-ci, alerté par la fusillade, conduit justement une reconnaissance dans Rea Field, en avant de sa division. Il est 7h00. Des tirailleurs rebelles surgissent à une cinquantaine de mètres de là et ouvrent le feu sur le groupe d'officiers. « Bon Dieu, nous sommes attaqués ! » s'écrie Sherman encore surpris, tandis que son aide de camp s'écroule, tué net.
La première attaque frappe Hildebrand dans le secteur de Rea Field. Les unionistes sont ici placés sur une crête et dominent leurs adversaires. Le 53rd Ohio parvient à repousser deux furieux assauts menés par les hommes de Cleburne mais son chef, le colonel Appler, cède bientôt à la panique et se couvre de honte en prenant la fuite. Son régiment ne tarde pas à le suivre. Le flanc gauche de Sherman est alors dangereusement affaibli. Les 57th et 77th font face, très efficacement appuyés par les batteries de Waterhouse et Barrett. Ils vont tenir en échec des éléments de trois brigades rebelles avant que ceux-ci ne parviennent à coordonner leurs attaques. Finalement, la position est emportée et un mouvement tournant du 13th Tennessee permet la capture de 4 pièces de la batterie Waterhouse. Avec son flanc gauche en l'air à l'est de l'église de Shiloh, Sherman ordonne le repli à ses troupes pour reformer une nouvelle ligne le long de la Purdy Road.
Le 6e rgt du Mississippi dit "Bloody Sixth" de la brigade Cleburne,
qui se couvre de gloire mais est décimé dans la première attaque.
En haut, le 1st National Flag confédéré ;
en bas, le Hardee Flag que portent les troupes du 3ème corps sudiste
(illustration de l'auteur)
Du côté de Prentiss, les événements se sont aussi précipités. En tentant de faire face, Peabody a été tué à la tête de sa brigade qui part en déroute tandis que celle du colonel Miller doit céder devant l'avancée des troupes du Ier corps commandées par Gladden et Chalmers. La retraite précipitée se transforme vite en déroute et les fuyards sont de plus en plus nombreux à se ruer à travers bois en direction du débarcadère. Il est 10h00 et tous les camps des 5ème et 6ème divisions fédérales sont aux mains des Sudistes.
On a souvent reproché à Sherman d'avoir choisit de résister plutôt que reculer pour rejoindre les troupes de McClernand en arrière, mais son action a certainement été providentielle. Ses jeunes troupes malmenées ne reculent que pied à pied et toute la journée, son calme et son assurance vont les aider à tenir le choc. En plus, cette résistance inattendue a coûté cher aux rebelles et a permis d'attirer pas moins de cinq brigades sur l'aile droite fédérale.
William T. Sherman (1820-1891)
Mais l'action de Sherman et des officiers de terrain n'est pas l'unique explication de ce relatif enlisement. Car la nature du terrain est très favorable à la défense. Les zones densément boisées et couvertes de broussailles gênent considérablement les mouvements et la coordination des unités rebelles. L'artillerie a eu beaucoup de mal à suivre les fantassins dans les chemins détrempés et les sous-bois et n'a donc pas soutenu efficacement les premières attaques. De même, le passage de la Shiloh Branch, un ruisseau aux berges encaissées et encombrées de végétation, bordé par une large zone marécageuse, a désorganisé toutes les attaques sur les positions de Buckland et Hildebrand. Dans ce contexte, il s'est avéré difficile voire impossible de conserver la cohésion des brigades ou même des régiments dont des fractions sont parfois séparées par plusieurs centaines de mètres. En revanche, dès que les chefs confédérés ont eu l'occasion de lancer des attaques organisées où leurs troupes pouvaient se soutenir efficacement, les positions ennemies ont été emportées. Mais ces attaques sont aussi arrivées tardivement. Au final, les rebelles devaient payer cher ces trop nombreux contretemps.
A coups redoublés
A Savannah, vers 7h00 du matin, Grant et son état-major se préparent à prendre leur petit-déjeuner lorsque retentit le canon. C'est la stupeur car personne ne s'attendait à une attaque. Grant bondit aussitôt dans le premier steamer et descend la rivière, non sans avoir ordonner la division du général Nelson de suivre la rive orientale du Tennessee vers le sud. Vers 9h00, il débarque à Pittsburg Landing. Là, près de 3000 fuyards se massent déjà au débarcadère. Rapidement, Grant se rend auprès de chacun de ses chefs de divisions. Rencontrant d'abord W.H.L. Wallace, il acquiert la conviction que l'attaque principale a bien lieu ici et envoie aussitôt un messager pour appeler Lew Wallace en renfort. Puis il voit Sherman. Rassuré par la conduite de ce dernier, il décide de lui laisser les coudées franches à l'aile droite et de s'occuper du centre et de la gauche où la situation est plus préoccupante.
La position de l'église de Shiloh emportée par les rebelles de Hardee
Sur la route de Purdy s'organise une nouvelle position de défense. McClernand a posté sa division derrière le Review Field jusqu'au carrefour, au niveau d'un petit étang, le Water Oak Pond. Sherman viendra se former dans le prolongement, à l'ouest du carrefour. La brigade de Veatch (division Hurlbut) arrive également dans le secteur, à la demande de Sherman. Il règne une certaine confusion sur la route alors que les officiers tentent de mettre leurs troupes en place. Les rebelles sont également assez désorganisés, en particulier à cause des soldats affamés sortis des rangs pour piller les camps capturés. Mais Polk n'entend pas laisser de répit à l'ennemi et presse ses troupes en avant.
Dès 10h30, des éléments de la brigade fraîche de A.P. Stewart entrent en ligne dans le Review Field avec l'appui des troupes de Hindman venues du centre. Des nappes de fumées obscurcissent la vue. Un officier fédéral semble déceler la présence de troupes amies face à lui et fait cesser le feu. C'est une erreur lourde de conséquences : le 4th Tennessee percute le 45th Illinois et la batterie McAllister. La ligne bleue est percée et s'écroule d'est en ouest, comme un jeu de dominos. Toutes les brigades nordistes sont bousculées et forcées de reculer en désordre. Plusieurs batteries tombent aux mains des assaillants survoltés (18 pièces sur 25 sont prises). En moins de 50 minutes, toute la ligne est emportée. La confusion est totale, les sous-bois sont peuplés de fuyards nordistes qui passent entre les salves dans l'espoir d'atteindre le débarcadère au plus vite. Dans l'après-midi, les positions fédérales vont tomber les unes après les autres. Vers 16h00, avec toutes les unités ralliées, Sherman reformera une ligne quasiment parallèle au fleuve sur la route de Hamburg à Savannah.
Thomas C. Hindman (1828-1868)
A cet endroit, la bataille est pour l'instant gagnée. Mais elle va surtout baisser d'intensité car les rebelles manquent de munitions. De plus, et malheureusement pour le Sud, il a fallu engager plus de monde que prévu (comme les deux brigades de Hindman venues du centre et un certain nombre d'unités de réserve). Vers l'est et les rives du fleuve Tennessee, où les combats ne sont pas moins furieux, ces troupes manquent cruellement pour faire la différence.
Un chemin creux dans les bois
La division du général Hurlbut était cantonnée entre Cloud Field et Mulberry Field. Appelé à l'aide par ses collègues dès l'aube, Hurlbut a expédié dès 7h30 une brigade vers Sherman et se poste lui-même avec celles de Williams et Lauman à l'intersection des routes de Purdy et Hamburg, juste au bord sud du champ de Sarah Bell. Depuis leurs positions, ils peuvent voir les unités rebelles qui s'organisent pour le prochain combat. Sans être totalement rassurés, les hommes font bonne contenance, même après avoir croisé les centaines de fuyards affolés dans les bois. Mais la bataille tarde à reprendre, faute de troupes.
Infanterie confédérée (illustration de l'auteur)
Une reconnaissance sudiste a décelé la présence d'une « division » ennemie sur la droite de la ligne d'attaque. Johnston y dépêche aussitôt les brigades de réserve de Breckinridge et la division de Jones Withers. En réalité, cette « division » n'est que la petite brigade de Stuart (celle de Sherman qui occupe l'extrême gauche de la ligne US). L'attaque de Withers met la malheureuse brigade Stuart en déroute. Quelques centaines d'hommes seulement se rallient à l'est de Bell Field tandis que les rebelles à cours de munitions doivent stopper leur avance. Surtout, cela a encore occasionné un sérieux contretemps au centre, laissant le temps à Hurlbut d'organiser sa défense et de rallier les restes de Prentiss. Seule la seule brigade Adams lui fait face et le combat s'est logiquement arrêté. Hurlbut est ancré sur le verger de Sarah Bell avec les débris de Stuart à sa gauche et ceux que Prentiss a pu rallier (environ 1200 hommes) à sa droite. A la suite de Prentiss arrivent maintenant les hommes de W.H.L. Wallace. Ces deux généraux s'installent le long d'une ancienne route à diligence légèrement encaissée, bordée de barrières et de broussailles épaisses. A son extrémité nord, ce « chemin creux » (Sunken Road sur la carte) rejoint la route de Pittsburg à Corinth, où sont postées les unités de la gauche de McClernand. Grant qui passe à cet instant sur sa portion du champ de bataille ordonne à Prentiss de tenir la position « à tout prix ».
Stephen A. Hurlbut
Beauregard, qui supervise la gauche de l'armée, est bien conscient qu'il manque de troupes pour soutenir l'attaque sur tous les points. Le général Cheatham est envoyé vers le centre avec la brigade Stephens. Frank Cheatham est un véritable aristocrate sudiste, issu d'une des plus grandes familles du Tennessee. C'est un dur à cuire qui jure comme un charretier, mâche du tabac et a la descente facile. Vers 10hh0 du matin, il mène ses hommes avec sa bonne humeur et son courage habituel. Les Tennessiens traversent les sous-bois à droite de Duncan Field dans le meilleur ordre. Soudain une ligne de soldats bleus surgit de nulle part et les fusille à trente mètres. Prise sous les tirs croisés de l'infanterie et de l'artillerie ennemie, l'attaque est brisée nette et Cheatham, lui-même blessé à l'oreille, se replie en désordre.
Frank Cheatham
Entre 10h30 et 17h00 environ, le général Bragg, commandant les forces rebelles au centre, lance une série d'assauts frontaux et sans soutien contre les unionistes qui s'accrochent désespérément à leur position. Il envoie par exemple la brigade de Louisiane du colonel Randall Gibson quatre fois de suite à l'attaque. Invariablement, les rebelles avancent à découvert dans une clairière battue par le feu ou un terrain assez couvert pour leur empêcher de voir leurs adversaires à 20 mètres. Les régiments stoppent leur progression devant la puissance du feu qui les accueille et répliquent tant bien que mal vers leur ennemi invisible. Certains ne peuvent tirer que deux ou trois salves avant de lâcher pied. D'autres comme le 4th Louisiana restent dans cette situation pendant 20 ou 30 minutes avant de reculer, terrassés et exsangues. Au final, aucune de ces attaques décousues ne porte ses fruits et les pertes sont terribles. La densité des balles y est telle qu'un rescapé sudiste comparera le secteur à un nid de frelons. C'est sous ce nom de Hornet's Nest que cet endroit va devenir un des symboles de la violence extrême du conflit.
Le colonel Randall L. Gibson, futur général de l'armée confédérée
Mais à l'extrême droite, secteur commandé par Sidney Johnston en personne, les efforts des confédérés finissent par payer. Ce sont d'abord les débris de Stuart qui s'effondrent, puis la Highland Brigade de McArthur, dont le flanc est découvert, qui cède et doit reculer. A cet instant pourtant, un coup du sort frappe les rebelles.
« Eh bien Gouverneur, ils ont bien failli m'avoir sur cette charge ! »
Johnston est enthousiaste. Il mène ses hommes sous des grêles de balles et constate leur progrès avec bonne humeur. Son uniforme est percé de plusieurs balles et il en plaisante avec le gouverneur du Tennessee qui officie à son état-major. Mais il ne s'est pas aperçu, l'adrénaline aidant, qu'il est touché. Un projectile l'a atteint derrière le genou. La blessure est cachée par ses bottes et personne n'a vu le sang qui coule abondement. Le coup est sérieux, une artère est touchée. Quelques minutes après, dans un ravin où ses officiers l'ont transporté, Johnston meurt, vidé de son sang.
Beauregard apprend la nouvelle à son poste de commandement, au carrefour des routes Purdy et Pittsburg et devient général en chef de fait. Le Créole est très malade ce jour-là, mais il a refusé d'abandonner son poste le matin, malgré les recommandations des médecins. Il est 16h00 environ. Le commandement se réorganise. A droite, où l'attaque a faibli, Bragg relance l'offensive. Au centre, les officiers rebelles mettent en place la plus importante – et presque la seule – concentration d'artillerie crée lors d'une bataille de la guerre civile (55 pièces). Elle accable la ligne de Prentiss et Hurlbut. A gauche, Sherman et McClermand sont repoussés une nouvelle fois et certaines unités sudistes se rabattent sur le flanc du chemin creux. De l'autre côté de la ligne, les troupes auparavant menées par Johnston ont aussi fait place nette et peuvent à leur tour, par le bord oriental de Wicker Field, venir taper dans le dos du réduit défensif unioniste. Tout ce qui peut s'extirper de la nasse s'enfuit vers Pittsburg Landing, mais vers 17h00, la reddition est la seule issue pour les 2 à 3 000 derniers défenseurs. Prentiss, qui a respecté les ordres de Grant jusqu'au bout, est parmi les prisonniers. Le brave général Wallace, qui s'est démené pendant des heures à la tête de ses hommes encerclés, est mortellement blessé, il expire quelques jours plus tard dans les bras de sa femme venue le voir à Savannah.
W.H.L. Wallace (1821-1862)
Les unionistes sont en fuite. Autour du débarcadère, Grant a organisé tant bien que mal une dernière ligne avec les débris de ses divisions malmenées, avec près de cinquante pièces d'artillerie. Au bord du fleuve, des milliers de fuyards – peut-être 10 000 hommes – sont agglomérés, sous l'emprise d'une peur panique. Les officiers ne chôment pas et ramènent dans les rangs tous ce qu'ils peuvent rassembler. Il est un peu moins de 17h30, quelques compagnies débarquent d'un navire. Il s'agit de l'avant-garde de Nelson qui arrive sur l'autre rive. Elles rejoignent aussitôt le poste qui leur est assigné sur la falaise qui surplombe le fleuve, aux cris de « Buell ! Buell ! » pour encourager les troupes de Grant. C'est à cet endroit que se déclenche la dernière attaque rebelle.
Après la chute du chemin creux, les officiers confédérés sont confiants. On dit l'armée de l'Union en pleine déconfiture. Mais leurs troupes aussi sont épuisées, les munitions manquent. Les soldats, sûrs de leur victoire se sont égaillés dans les camps nordistes en quête de nourriture. Pourtant c'est certain, un dernier effort pourrait tout emporter et on terminerait la journée définitivement. Polk et Bragg poussent en ce sens et les brigades clairsemées de Jackson et Chalmers sont encore une fois emmenées en avant. Elles doivent gravir une pente dénudée en direction du débarcadère, coupée par le difficile ravin de la Dill Branch. Mais devant elles, une ligne d'artillerie dont une terrible batterie de 24 livres, des pièces de siège destinées à l'attaque des fortifications de Corinth ouvre le feu. Sur leur droite, d'autres batteries les surplombent le long du fleuve, et sur le Tennessee même, les gros calibres des canonnières Tyler et Lexington crachent la mort à courte distance. L'attaque est mise en échec. La nuit tombe et Beauregard ordonne de suspendre les combats. L'armée a beaucoup donné et surtout, un rapport erroné vient de lui parvenir, annonçant que Buell est en marche sur Decatur, Alabama. Dans ce cas, Grant n'a aucun renfort à attendre de l'armée de l'Ohio et sera le lendemain encore, à la merci des confédérés.
Malgré le succès évident, l'occasion a peut-être été manquée de détruire entièrement l'armée du Tennessee. Il est maintenant temps de souffler et de panser les blessures.
Le deuxième jour
Pendant la nuit, les renforts de Lew Wallace et de Buell arrivent. Les hommes de Grant ne goûtent pas un repos très confortable sous la pluie torrentielle qui a repris, puisque leurs tentes, couvertures et autres matériels sont aux mains des rebelles, mais le moral est remonté. Les musiques régimentaires jouent sans discontinuer. Côté sudiste, les troupes cantonnent dans les camps fédéraux capturés. L'optimisme est de mise. Beauregard et ses chefs de corps sont convaincus que l'affaire ne sera qu'une formalité le lendemain. A tel point que nombre d'officiers restent sans ordre. Les canonnières nordistes tirent toute la nuit à intervalle régulier. Elles ne font que peu de dégâts mais travaillent les nerfs des combattants. Pour ajouter à cela, des milliers de blessés n'en finissent plus d'agoniser dans les sous-bois dévastés par la mitraille et produisent une lugubre complainte qui dure jusqu'au matin.
Vers 1h00, le colonel Bedford Forrest réveille Hardee. Il vient d'envoyer une patrouille vêtue d'uniformes bleus dans les lignes ennemies et rapporte que de nombreux renforts passent la fleuve en ce moment même. Il conseille de lancer une attaque immédiatement ou de prendre la poudre d'escampette sous peine d'être détruit le lendemain matin. Hardee l'envoie auprès de Beauregard mais Forrest ne peut trouver le général en chef. Son information reste lettre morte…
William J. Hardee (1815-1873)
Il est 5h00 du matin, le lundi 7 avril lorsque la division de William « Bull » Nelson passe à l'offensive. L'avance se fait sans encombres jusqu'aux franges de Wicker Field où les fédéraux sont accueillis par une ligne de tirailleurs. La ligne bleue s'allonge : Crittenden et McCook se déploient à la droite de Nelson. De durs combats se situent entre le chemin creux et la route de Purdy à Hambourg de 10h00 à midi. Hardee, qui commande l'aile droite ce jour-là, parvient à repousser les hommes de Nelson qui occupent finalement les anciennes positions que Prentiss a si âprement défendu la veille.
William "Bull" Nelson (1824-1862)
Vers 10h30, Grant est aussi passé à l'offensive et le combat a repris tout au long de la ligne. La division fraîche de Lew Wallace tient la droite, appuyée sur les berges marécageuses de l'Owl Creek. Viennent ensuite les restes de la division Sherman, puis au centre, les troupes de McClernand et Hurlbut. Au niveau de Duncan Field, les troupes de Grant rejoignent celles de Buell. En face, l'armée confédérée ne ressemble plus à ce qu'elle était vingt quatre heures plus tôt. Il ne reste qu'une vingtaine de milliers d'hommes sous les armes, généralement regroupés en unités ad-hoc où les officiers ont aggloméré les débris de plusieurs régiments. Bientôt, l'aile gauche doit reculer devant les masses de l'Union.
P.G.T. Beauregard (1818-1893)
Beauregard met en place une ligne de défense à la hauteur de la route de Purdy, vers le Water Oak Pond et de furieux combats sont encore livrés pendant plusieurs heures. Le Créole, malgré son état de fatigue intense, déborde d'activité. Sur l'aile gauche de Bragg en danger, il conduit lui-même les troupes louisianaises du colonel Pond au combat et ne quitte le front qu'à la demande des soldats. Mais vers 14h00, l'armée rebelle est proche de l'effondrement. La route de Purdy est à nouveau aux mains des fédéraux qui reçoivent toujours plus de renforts de Buell. Mais à droite, Lew Wallace reste très circonspect et retient ses 7500 hommes frais qui auraient pu achever les confédérés épuisés. Beauregard réalisant l'état de décrépitude intense de son armée, se résout, la mort dans l'âme, à ordonner le repli. La poursuite ennemie n'est guère violente et le lendemain Forrest lui assène un coup d'arrêt à Fallen Timbers, en tendant une embuscade meurtrière à Sherman.
« la bataille la plus meurtrière des temps modernes » (New York Herald, 9 avril 1862)
Suite à Shiloh, l'Union a repris le contrôle de toute la vallée de Tennessee et du nord de la vallée du Mississippi. Mais les pertes sont tellement énormes qu'elles éclipsent quelque peu les gains territoriaux dans l'esprit du public. Grant et Buell ont perdu 13 000 hommes morts, blessés, disparus et prisonniers sur 55 000 hommes engagés, les confédérés 10 700 environ sur 39 000. Cette guerre montre son vrai visage, que personne n'attendait. Le choc est énorme auprès des contemporains qui cherchent aussitôt des explications et des responsables. Les graves erreurs de Grant ne passent pas inaperçues : aucun retranchement n'étaient prévus et lui-même était absent au début de la bataille. Il doit bientôt faire face à une cabale de la part de ses opposants (journalistes et politiques) et une profonde vague de mécontentement s'empare de l'armée. Heureusement Lincoln refuse de lâcher le seul de ses généraux « qui se bat ». Après une mise à l'écart prudente, Grant retrouve un commandement indépendant sur le Mississippi en mai 1862.
Pour le Sud, le coup est terrible. Il semble clair que le seul résultat qui ait pu changer quelque chose à la situation de la Confédération était la destruction complète de l'armée de Grant. Peut-être les rebelles ont-ils trop tardé, mais ils ont aussi joué de malchance. Une fois les armées de l'Union réunies, l'occasion est passée et les moyens déjà limités des rebelles sont encore plus affaiblis. Inexorablement, la guerre est perdue sur le front de l'Ouest. L'espoir repose désormais surtout sur une victoire en Virginie.
Bibliographie sélective :
Le lecteur français s’intéressant à la guerre de Sécession n’est pas gâté. Comme un peu tout ce qui touche à ce sujet, les livres disponibles dans notre langue sur la bataille de Shiloh sont plus que rares. Il faut se contenter au mieux de chapitres plus ou moins développés dans des ouvrages génériques. Il faudra donc se pencher vers la recherche historique américaine, sans oublier les nombreux témoignages plus ou moins directs.
La guerre de Sécession (Battle Cry Of Freedom) – James M. McPherson, Ed. Robert Laffont, Collection Bouquins (1991). Une superbe histoire générale de la guerre qui remet en perspective tous les aspects historiques, culturels, économiques et politiques de la période.
War Of The Rebellion : A Compilation Of The Official Records. Recueil massif (128 volumes !) des rapports de bataille des officiers généraux des deux camps. Très intéressant mais quasi-impossible à utiliser de manière exhaustive sur de gros engagements tellement la masse des textes est imposante. Une mine.
The Battle Of Shiloh – U.S. Grant, The Century Magazine, XXIX, février 1885. Le général en chef unioniste écrira une série d’articles dans cette revue une vingtaine d’années après la bataille. Ils seront repris peu après dans ses Mémoires. Celui-ci participe à « remettre les pendules à l’heure » concernant de nombreuses polémiques suscitées après la bataille. Quelques « inexactitudes », mais il s’agit d’une vision parmi d’autres, après tout.
Shiloh 1862, The Death Of Innocence – James R. Arnold, Campaign 54, Osprey Publishing.Une bonne approche générale, claire et compréhensible bien que peu détaillée, de cette confuse bataille. Avec la désormais traditionnelle et excellente iconographie (cartes, photos, peintures) des ouvrages de la série.
The American Civil War 2. The War In The West 1861-July 1863 – Stephen D. Engle (Essential Histories 010, Osprey Publishing)
Shiloh, The Battle That Changed The Civil War – Larry J. Daniel, Touchstone Ed. (1997). Voilà une pépite. Une relation chronologique quasi exhaustive de l'affrontement, ponctuées de nombreuses anecdotes. Une quinzaine de cartes salutaires.
Shiloh And The Western Campaign Of 1862 – O. Edward Cunningham, Savas Beatie (2007). Une autre pépite aussi précieuse que la précédente. Remarquable travail datant des années 60, annoté et corrigé par deux éditeurs scrupuleux. Plus de trente cartes qui permettent de suivre les actions pas à pas !
The Battle Of Shiloh And The Organizations Engaged – David W. Reed, The University of Tennessee Press (2008). Si les précédents sont des pépites, cet ouvrage est un diamant travaillé par le premier historien du parc national de Shiloh, vétéran de la bataille.
The Shiloh Campaign – Steven Woodworth (sous la direction de), Southern Illinois University Press (2009). Un recueil d'articles traitant de divers aspects de la campagne et de la bataille. Comme toujours dans ce type d'ouvrage, plusieurs analyses sont pertinentes, d'autres moins intéressantes. On note l'absence de cartes.
Seeing The Elephant : Raw Recruits At The battle Of Shiloh – J.A. Frank, G.A. Reave, University of Illinois Press. Une série de témoignages de vétérans.
History Of The 53rd Rgt Ohio Vol. Inf. During The War Of The Rebellion, 1861-1865 – John K. Duke (1900). Avec notamment des passages du journal du général Ammen et le témoignage du lieutenant Dawes.
Témoignages et Mémoires :
“My First Day Under Fire at Shiloh” – Ephraim C. Dawes – Sketches of War History, vol. IV, Ohio Military Order of the Loyal Legion of the United States (1903)
Personal Memoirs of U.S. Grant – U.S. Grant (1885)
The Autobiography of Sir Henry Morton Stanley – Henry Stanley (1909)
Scénario n°1 - Attaque sur Prentiss ; 7h30 – 9h30
Nombre de tours : 9
Le joueur sudiste joue le premier.
+ 2 points par cantonnements US occupé
+ 5 points par carrefour occupé
+ 3 points au sudiste par unité US en déroute
+10 points au nordiste si Gladden est engagé
+10 points au nordiste si Chalmers est engagé
+ 5 au nordiste pour chaque tour joué après le 8ème inclus
Troupes confédérées
« Division provisoire » du général Hindman (+1)
Brigade Col. Shaver (+0)
3rd CSA (300)
2nd Ark. (600)
6th Ark.(500)
7th Ark. (700)
Warren Artillery (Capt. Swett) (4 pièces de 6 ; 2 obusiers de 12)
Brigade de S.A.M. Wood (+0) (éléments présents)
3rd Miss. Batt. (280)
16th Al. (300)
27th Te. (350)
55th Te. (280)
Eléments de la 2ème div/IIème corps, général Withers (non présent)
Brigade de Gladden (+1)
1st La. Regulars (400)
21st Al. (500)
22nd Al. (435)
25th Al. (305)
26th Al. (440)
Robertson's battery (4 Napoléon de 12)
« Pensacola Brigade » de Chalmers (+0)
5th Miss. (400)
7th Miss. (500)
9th Miss. (500)
10th Miss. (360)
52nd Miss. (400)
Gage's battery (2 obusiers de 12 ; 2 pièces de 3 rayées)
Toutes les troupes sont « novices », mais il y a quelques spécificités à voir dans les règles spéciales.
Toutes les pièces d'artillerie sont à âme lisse, sauf précision.
La division de Hindman est en position sur la table, ainsi que les troupes nordistes.
Gladden entre au tour 3 par la Eastern Corinth Road. Chalmers entre au tour 5. Ces deux brigades peuvent entrer en formation de combat.
Troupes de l'Union
6ème Division, général Prentiss (+0)
Brigade du Col. Peabody (+1)
12th Michigan (832)
16th Wisconsin (827)
21st Missouri (617)
25th Missouri (514)
Brigade du Col. Miller (+0)
18th Missouri (552)
18th Wisconsin (862)
61st Illinois (437)
15th Michigan (rattaché) (750)
Munch's battery (2 obusiers de 12 ; 4 James rayés)
Hickenlooper's battery (2 pièces de 6 ; 4 James rayés)
Toutes les troupes sont « novices », sauf précisions dans les règles spéciales.
Toutes les pièces d'artillerie sont à âme lisse, sauf précision.
Règles spéciales :
Le terrain est entièrement boisé à l'exception des champs visibles sur la carte. Néanmoins, les joueurs peuvent ménager quelques clairières réparties aléatoirement, ainsi que quelques petites collines plus ou moins couvertes de végétation.
Côté confédéré
Désordres dans les rangs – Plusieurs régiments de la brigade Wood manquent à l'appel, égarés dans les sous-bois. Celle-ci est en situation de désordre. Son général peut donc l'amener ainsi au combat (-1 au tir et au corps-à-corps) où tenter de reformer ses unités avant de les mettre en mouvement. Pour cela, il doit réussir un test par régiment : sur un résultat de 1-3 sur 1D6, l'unité retrouve sa cohésion. Toutes celles qui échouent restent immobiles et sont automatiquement en ordre au tour 2.
Qui sont ces gens ? – Le 16th Alabama est vêtu d'uniformes bleus. Lorsqu'il arrive à proximité d'un régiment nordiste qu'il n'a encore affronté, celui-ci doit passer un test. Sur un résultat de 1-2 sur 1D6, le nordiste ne reconnaît pas le 16th comme une unité ennemi et retient ses tirs ce tour-ci.
Rebel Yell – les unités confédérées bénéficient d'un +1 au combat (voire au test de charge si la règle utilisée en comporte un) pour chaque premier combat qu'elles initient.
Le général Gladden est tué peu de temps après son entrée en ligne. Il doit donc faire un test chaque début de phase de tir où il se trouve à distance de feu de l'ennemi (portée d'infanterie et d'artillerie). Sur un résultat de 3-6 sur 1D6, il est abattu et ses troupes se retrouvent sans commandement jusqu'au tour suivant, où il est remplacé par le col. Dan Adams (+0).
Côté unioniste
Dans la mesure du possible, ces informations ne doivent pas être connues du joueur rebelle. Si ce n'est pas le cas, le nordiste n'est pas tenu de suivre le déploiement de la carte pour ses régiments. Il peut donc les placer dans l'ordre de son choix.
Le 25th Missouri (brigade Peabody) n'est pas considéré comme « novice » car cette unité est principalement composée d'anciens réguliers et de chasseurs habiles au tir.
A la brigade Miller, le 18th Wisconsin a -1 au tir car ses hommes n'ont reçu leurs fusils que dans le bateau qui les menait à Pittsburg Landing et ne sont donc pas au maniement de leurs armes.
Pour le 15th Michigan, la situation est encore pire, puisque ses hommes sont montés en ligne... sans avoir reçu de munitions ! Le régiment ne peut tout simplement pas tirer et a un malus de moral de -1 s'il reçoit une charge.
Le colonel Peabody est tué en tentant de rallier sa brigade qui déroute. A partir du moment où l'un de ses régiments part en déroute, il doit faire un test chaque début de phase de tir où il est à distance de feu de l'ennemi (portée d'infanterie et d'artillerie). Sur un résultat de 3-6 sur 1D6, il est abattu et ses troupes se retrouvent sans commandement jusqu'à la fin du jeu, sauf si Prentiss en prend personnellement la tête.
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