dimanche 16 août 2020

Revignano - (campagne d'Italie 2020)

Suite et fin de la campagne des Apennins d'avril 1796 jouée en ligne entre juin 2019 et juin 2020.

Pendant le confinement, j'avais mis en ligne le CR de la bataille de Voltri. Nos camarades de jeu de Bretagne ont depuis combattu au pont de Multedo, aux portes de Gênes (voir aussi ici), affrontement qui s'est soldé par une sorte de match nul. Un status quo bien venu pour nous autres Français, puisque le gros de nos opérations se déroulaient sur une portion du front très éloignée de Gênes et une défaite sur la riviera aurait pu réduire à néant l'ensemble de nos efforts en coupant nos lignes de communications avec Nice.

Pour notre part, à Clermont, nous devions jouer la bataille de Revignano, à une portée de fusil d'Asti, qui se tenait le même jour que le combat de Multedo, peu après la capitulation des troupes piémontaises acculées à leur capitale Turin.

Mes excuses car la partie s'est déroulée à la mi-juin et je n'en donne le CR qu'aujourd'hui. Vous allez voir que le résultat a été beaucoup plus décisif que pour les deux combats de Voltri.

 
La carte du champ de bataille, tout d'abord.

Une vue générale de la table depuis l'arrière des positions françaises. Au premier plan se trouve le village de Bramairate. Revignano est devant la colline au milieu de l'image.
Vers le fond de la table, la route part vers Asti.
 
Le déploiement des troupes autrichiennes de Sebottendorf et Nicoletti.
 
Une brigade de la division Laharpe occupe Revignano...
... appuyée par des escadrons de cavalerie...
... qui la lie à la brigade de l'aile gauche.
 
D'autres escadrons sont en sonnette vers le petit village de Palucco, sur la gauche française.
 
Une autre vue de la brigade Fiorella, sur l'aile gauche. Elle fait face aux coteaux très boisés qui montent vers Cravera, mais elle ignore encore que des éléments autrichiens y ont été repérés par les patrouilles françaises.

La marche de Nicoletti en direction de Palucco.

Deux escadrons française s'avancent pour reconnaitre la menace.

Pendant ce temps, Laharpe fait sortir le général Banel du village, à la tête de sa demi-brigade légère.


Les légers, déployés en grandes bandes de tirailleurs, gravissent les côtes accidentées qui surplombent Revignano. Banel a ordre de ne pas laisser approcher les Autrichiens sans casse.

Pendant ce temps, Laharpe est resté dans le village qu'il garde solidement avec 3 bataillons de ligne et presque toute son artillerie.

Les Autrichiens commencent à grimper les pentes du plateau à l'opposé de Banel, mais leurs troupes manoeuvrent avec moins d'aisance, particulièrement dans ces terrains accidentés.

Sur son aile gauche, Laharpe a également ordonné à la brigade Fiorella de se mettre en mouvement vers Palucco.
 
Celle-ci défile dans la vallée en dessous de Cravera...

...tandis que la marche de Nicoletti est entravée par les chasseurs à cheval français.

Sur la rive opposée du Bourro, les troupes de Banel et de Sebottendorf arrivent à portée de vue.

Les Français, plus véloces, se déploient bien et commencent à harceler les ennemis en marche.

Les pertes montent rapidement, mais au loin apparaissent des masses inattendues...

Il s'agit de la tête de colonne de la brigade Kerpen qui arrive derrière Banel.


Un escadron de uhlans du même Kerpen surgit même derrière le coteau au niveau de Revignano. Ces soldats ont été sévèrement rossés par la cavalerie française lors des escarmouches du matin même, mais ils pourraient tout de même faire peser une menace sur le pont de Vaglierano Basso par où les renforts français sont attendus.

De l'autre côté du Bourro, Nicoletti a finalement mis en fuite les petits escadrons français qui estiment avoir gagné assez de temps comme ça et se carapatent vers Palucco.

Flairant le danger, Laharpe a également envoyé la cavalerie de Beaumont dans ce secteur, qui rejoint les bataillons de Fiorella.


L'arrivée de Kerpen menace de laisser Banel en grande infériorité numérique, mais celui-ci ne se dégonfle pas. On lui a donné l'ordre de ralentir les Autrichiens et il n'hésite pas une seconde : il jette ses bataillons dans les bois et continue son feu meurtrier.

Sebottendorf reprend sa marche vers Revignano mais une partie des siens est durement accrochée par Banel sur les coteaux.

De plus, l'artillerie de Laharpe déclenche à son tour un feu dévastateur. Les Autrichiens ne sont pas à la noce aujourd'hui !


Sebottendorf finit par décrocher des coteaux sans laisser d'arrière-garde pour occuper les légers français...

... ce dont Banel profite pour immédiatement venir les harceler dans leur marche.

A ce moment apparait une quatrième colonne autrichienne sur les pentes descendant de Cravera !

Fiorella doit aussitôt déployer sa brigade face aux collines pour faire face à cette nouvelle menace.

Les tirailleurs français se portent en lisière des bois tandis que la cavalerie de Beaumont reste seule pour défendre les abords de Palucco. Il faut absolument empêcher les Autrichiens de Roselmini de s'emparer du village car il n'y aura pas d'infanterie disponible pour le reprendre...

 
Heureusement les renforts impériaux progressent très lentement dans les bois.

Ce qui laisse le temps à Fiorella d'organiser sa ligne et de déployer sa batterie en soutien.

Premiers échanges entre tirailleurs dans les sous-bois.

Les Autrichiens lancent une première attaque.


Pendant que leur chef, le brave général Roselmini reste bien planqué derrière les bosquets.

L'artillerie autrichienne prend la grêle et doit refluer à l'abri des bois sous peine de rester aux mains des républicains.

Pendant ce temps, Beaumont arrive face à Nicoletti.

Mais un deuxième échelon surgit hors des bois à la gauche de Roselmini ! Les choses se compliquent pour les Français.


De furieux combats de cavalerie se déroulent devant Palucco.

Tandis que Sebottendorf et Kerpen piétinent encore devant Revignano.

Ou plutôt Kerpen piétine sur sa colline mais Sebottendorf n'en finit plus de prendre des coups.

 
Quand enfin les deux collègues peuvent se déployer à proximité du pont, l'aile droite de Sebottendorf est déjà épuisée. (A noter que le deuxième pont, celui de droite, était en réalité un gué)

De plus, un escadron de chasseurs français débouche de Vaglierano Basso que les uhlans autrichiens ont négligé. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les troupes de Kaiser...

Une première attaque se développe mais les Français tiennent bon...

...tandis que les 3 bataillons de la brigade Macquart arrivent, qui vont compenser leur infériorité numérique. 

Une vue d'ensemble de la bataille depuis la route d'Asti.


Pendant ce temps, la lutte fait rage également sur les collines vers Palucco.

Les joueurs ne le savent pas encore mais la bataille est à son paroxysme.

Devant Palucco, les deux cavaleries rivalisent avec des fortunes diverses.

Les Français sont de moins bonne qualité mais ils sont plus nombreux et viennent finalement à bout des excellents hussards hongrois qui n'ont pourtant pas démérité. En revanche, venir à bout des uhlans de la deuxième ligne sera plus une formalité car, comme ceux de Kerpen, ils sont épuisés et démoralisés de leurs combats perdus du matin.

Pourtant un coup d'éclat vient tout compromettre : un escadron de hussards de la brigade Roselmini, la dernière arrivée, lance la charge sur un bataillon français.

Celui-ci est repoussé une première fois...

...puis une seconde.
 
Le trou est fait en plein centre de la ligne républicaine !

La menace est sérieuse mais les hussards en bout de course n'ont aucun soutien pour l'exploiter !

Aussitôt, Beaumont rameute ses escadrons...

... encercle et pulvérise les malheureux Hongrois qui s'étaient montrés si dangereux.

Pendant ce temps, Sebottendorf et Kerpen luttent pied à pied sur Revignano.

Une attaque est lancée sur le pont.

Le feu est terrible !!!

Les uhlans vont aussi tenter de prendre le pont-gué à la charge...

...

...mais les deux attaques sont rejetées en simultané par Laharpe, que Macquart a renforcé. Les Autrichiens épuisés abandonnent.

Sur les coteaux de Cravera, Roselmini lance une dernière attaque. Un bataillon frais se rue à la charge contre la batterie française. Mais là encore, un feu d'enfer l'accueille...

... et il est repoussé dans les bois.

 Nicoletti jette l'éponge à son tour et replie ses derniers éléments sous la protection de deux bataillons formés en carrés.


Le bilan chiffré de la bataille est très lourd, comme on peut le voir sur les photos. Les Autrichiens qui ont été continuellement à l'attaque, ont payé le prix fort.
La brigade ad hoc commandée par Sebottendorf a pratiquement disparu. Celle de Kerpen a subi de grosses pertes et encore plus celle de Roselmini. Nicoletti s'en sort mieux, qui a combattu en terrain clair avec l'appui d'une très bonne cavalerie.
 
Côté français, le général Banel s'est distingué à la tête de sa demi-brigade légère (qui a néanmoins subi de fortes pertes) même si l'épuisement de sa troupe a fait qu'on l'a moins vu en deuxième partie de bataille. 
 
Il faut bien dire que l'affaire était compliquée pour Sebottendorf.
Il a dû attaquer des positions difficiles, et comme si ça ne suffisait pas, Laharpe leur a joué un sale tour : il a lancé une attaque retardatrice dès le début avec la 8e légère sur le massif que devait traverser Kerpen. A partir de là, ses hommes en tirailleurs ont harcelé et ralenti la marche de Kerpen d'une part et de Sebottendorf d'autre part pendant plusieurs tours, leur ponctionnant un grand nombre d'hommes.
La 8e a laissé la moitié des siens dans l'affaire mais le compte des pertes est largement à son avantage.
 
La 130e sous Laharpe a aussi perdu environ 50% de ses effectifs mais les blessés ont tous été pris en charge dans le village de Revignano et les pertes réelles sont donc moindres. Plusieurs pièces sont démontés sous les tirs de la batterie Kerpen déployée sur les hauteurs.
Beaumont s'est montré assez énergique à la tête de ses cavaliers qui se sont eux-mêmes plutôt bien comportés malgré la supériorité qualitative de leurs adversaires.
Les pertes de Fiorella sont comparativement moindres malgré une forte implication. Ceci s'explique certainement par la difficulté des Autrichiens de Roselmini à sortir des bois pour les affronter. Son artillerie compte pas mal de servants hors de combat suite aux tirs de mousqueterie.
 
D'après les premières estimations, je dirais que les Français ont perdu environ 3500 hommes, tués, blessés et égarés, toutes armes confondues. Les autres environ... hum... 7400. 

Je n'ai pas encore joué les jets de récupérations de pertes mais je verrai comment on gère cela avec Florent, l'arbitre de la campagne.
Le problème pour les impériaux, c'est qu'ils sont en pleine retraite, pour ne pas dire déroute. Donc, même si les Français sont probablement trop épuisés pour mener une poursuite tambour battant, ils auront de grosses difficultés à rallier leurs hommes égayés dans la nature. Ils vont aussi avoir beaucoup de mal à sauver leurs batteries : celles de Sebottendorf et Kerpen sont en grand danger puisque les troupes au sud du Bourro sont en quasi déroute. Quand à la brigade Roselmini, qui doit fuir à travers les collines, elle a deux batteries à transporter dont une lourde ! La faute en incombe ici aux mouvements préliminaires à la bataille.
Les républicains, en revanche, restent maitres du terrain et les récupérations de blessés et égarés seront forcément meilleures.
Notre arbitre jugera de ce qu'il en est vraiment.

Du point de vue du jeu, l'activité de Brian qui a joué Laharpe et Banel (+ Macquart) est à signaler. Il a parfaitement su gérer les combats de l'avant-garde légère et a créé de réels problèmes à Christian (qui menait Sebottendorf et Kerpen).
 
De ce côté-ci, les Autrichiens de Sebottendorf ont-ils bien fait de tenter la marche sur les coteaux ? Bien sûr celle-ci les liait avec Kerpen et permettait de déployer l'artillerie sur les hauteurs mais elle les a aussi beaucoup retardé et leur a coûté du monde. Chaque tour gagné par Banel a ici été très précieux.
 
Ils ont aussi certainement manqué l'opportunité d'occuper le point de Vaglierano, ce qui aurait retardé l'arrivée des renforts de Macquart et aurait peut-être laissé une chance de repousser Laharpe de Revignano. Quant à leurs pionniers qui devaient détruire le pont, ils n'ont jamais eu l'occasion d'entrer en action puisque le pont n'a pas été capturé.
Macquart, qui n'a que partiellement participé à la défense du village, peut sur ce terrain mener la poursuite face à des Autrichiens en déroute.

Je n'ai moi-même pris le commandement de la gauche française qu'après plusieurs tours. Brian/Laharpe, qui ne connaissait pas la présence de Roselmini dans les collines au-dessus de Cravera a ainsi eu l'occasion de déclencher la marche en avant de cette aile et j'ai ensuite suivi ses ordres de marche vers Palucco avant de me déployer face au danger Roselmini.

Face à moi, Michel n'aurait peut-être pas dû passer trop vite l'infanterie de Nicoletti en carrés. La menace potentielle de la cavalerie a toujours un effet important sur les joueurs, même quand ceux-ci sont prévenus de la moindre qualité de leurs adversaires. Si son infanterie avait pu prendre Palucco resté sans défense avant d'être stoppée par les cavaliers de Beaumont, j'aurai sans doute connu de plus gros problèmes à tenir ma position.

Bref, ainsi s'achève notre campagne des Apennins de 1796 au cours de laquelle on a vu les Français, par un mouvement tournant passant par Ceva, venir combattre les Piémontais sur leur gauche. Ceux-ci ont été battu devant Fossano (le CR est visible ici) et poursuivis jusqu'à Turin. Là, notre arbitre, reproduisant dans une bonne mesure l'état d'esprit des belligérants de l'époque, a conduit le roi de Piémont à mettre fin aux hostilités.
 
Dans un même temps, de durs combats se déroulaient sur la riviera entre Gênes et Savone, où les forces françaises du général Joubert avaient ordre de retenir le plus longtemps possible les Autrichiens. L'Armée d'Italie, se retournant contre les Autrichiens sur la route d'Alessandria, allait enfin remporter ce dernier combat de Revignano/Asti, qui devait leur ouvrir les portes de la Lombardie.

Si tout va bien, la campagne doit se poursuivre à partir du début de l'année 2021.
Il est probable que des places se libèrent. Si vous êtes intéressés à participer, n'hésitez pas à nous contacter via ce blog ou sur ce forum. C'est un jeu de longue haleine mais vraiment très intéressant. De plus, l'échelle de temps mise en place par Florent (1 jour de jeu = 1 semaine de notre temps réel) n'est pas très chronophage. Cela reste donc compatible avec la "vraie vie" :))

5 commentaires:

Florent a dit…

Encore une superbe table, mention spéciale aux architectes qui ont je trouve très bien reproduit la topographie relative aux cartes locales ! Bravo et merci pour ce très beau rapport !

Le Marquis35 a dit…

Magnifique table !! Les décors de Frank sont toujours extraordinaires. Oui quelle drôle d idée autrichienne d aller se jeter dabs la gueule du loup français alors qu on avait Asti et son fort et les moyens de tenir sur une position formidable... Juste une petite erreur que j ai noté dans le compte rendu, Fossano, c est une victoire tactique Sarde.. 😁.

Apa a dit…

Voyons, Marquis, tu ne peux pas dire ça. Tu sais bien que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire ! :))

Figalpage a dit…

Toujours aussi passionnant à lire et beau (mention spéciale pour le plan et les décors qui vous plongent dans l'ambiance 1796). On s'y croirait ! :-D

James Fisher a dit…

Très intéressant campagne et une super table, comme d'habitude. J'aime bien surtout les effets speciales de feu!

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Ces figurines sont à vendre !!

Minis for sale !!


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