jeudi 19 mars 2020

Voltri - (campagne d'Italie 2020)

Par les temps compliqués que nous traversons, il peut paraître un peu futile de continuer de causer de nos histoires de figurines. Mais après avoir passé 2-3 jours à me tordre la tête dans tous les sens, je me dis qu'il faut bien passer le temps et tenter de sortir de la noirceur ambiante d'une façon ou d'une autre. Or le jeu en général risque d'occuper une place certaine pour beaucoup de monde dans les semaines qui vont suivre, et notre jeu d'Histoire est un passe-temps pas plus con qu'un autre, bien au contraire. En tous cas, en ce qui me concerne, me plonger depuis hier dans la rédaction de ce long message m'a bien aidé.

Après plusieurs mois d'absence sur ce blog, je vous propose donc le compte-rendu d'une bataille jouée il y a une dizaine de jours. Elle s'inscrit dans le cadre d'une campagne d'Italie par e-mail et suivie par une quinzaine de joueurs depuis le mois de mai dernier (et oui !)

Elle est masterisée de main de maître par l'ami Florent qui a déjà dû livrer une belle bataille au printemps dernier pour recruter tous les joueurs nécessaires. Après plusieurs semaines de persévérance sur divers forums liés à notre hobby, il est enfin parvenu à monter l'équipe. Et la campagne a commencé... par un couac, puisque les joueurs français de l'armée d'Italie apprenaient que le général en chef Bonaparte avait disparu (enfin plutôt le joueur qui avait endossé ce rôle restait aux abonnés absents). Nous nous sommes donc rapidement consultés avec mes collègues et j'ai, en tant qu'Augereau et chef de la division placée au centre de notre armée, récupéré le rôle de généchef.

Pour ma part, l'expérience est parfaitement réussie, la campagne est super intéressante et le jeu très agréable. Je profite donc de ce message pour remercier encore une fois Florent qui fournit depuis des mois un boulot considérable de gestion de tous les paramètres qui nous permettent d'agir et interagir à loisir. Et ils sont forcément très nombreux, ces paramètres, vu le nombre de joueurs et de troupes à gérer.

Le rythme de jeu n'est pas très soutenu : une semaine de temps réel pour une journée ludique. Nous avons donc joué "seulement" une quinzaine de jours environ depuis le début de la campagne. Mais ils ont déjà été riches en rebondissements.
De plus, c'est ce qui permet à notre arbitre de tenir le jeu à jour et aux protagonistes d'agir tout en gardant un bon temps de réflexion, information et cartes à l'appui. Ceci donne un jeu pas trop chronophage pour les participants mais cela facilite peut-être un peu le désintérêt de certains, notamment ceux qui sont un peu éloignés des lieux d'activités les plus actifs. Mais je pense que le jeu garde un très fort intérêt pour les chefs d'armée et les joueurs qui ont un peu de responsabilités.

Bien sûr il y a donc eu quelques désistements parmi nous mais il semble que les rôles sont rapidement repris par de nouveaux joueurs, signe que le projet est attirant et les participants sont assez convaincant pour recruter autour d'eux. Bref, c'est excellent.

Au niveau des résolutions, les petits accrochages sont principalement gérés par Florent mais les combats les plus importants sont joués sur table, par des groupes de joueurs volontaires et disponibles un peu partout dans l'hexagone.

Or le 17 avril 1796 (dans notre campagne, bien sûr), deux forces adverses se sont rencontrées aux environs de Voltri, non loin de Gênes sur la riviera.
Les protagonistes réels n'étant pas disponibles à ce moment-là pour jouer la bataille, le combat a été reconstitué vers Clermont.

L'arbitre m'a donc fait parvenir un plan qu'il a dressé du secteur. Comme le terrain est le même que la vraie bataille de Voltri (le 10 avril 1796), j'ai proposé d'adapter légèrement la carte d'un scénario que j'avais fait paraitre dans le Vae Victis n°132. La voici :


La table de jeu


Au vu de la topographie de la côte ligurienne, j’ai compté les zones de terrain hors routes comme accidentées et la zone la plus au nord (partie gauche de la photo) comme difficile. On le voit mal les contours sur la photo, mais la table est très vallonnée.


Le général Joubert est posté sur un bric avec la 3e DB légère. En face, les Autrichiens arrivent.

Quelques hussards vadrouillent en arrière des lignes de Joubert.
 
Tour 1 (9h00 du matin, l’heure de début a été décidée par tirage au sort)
Au début de la bataille, l’initiative revient aux Français grâce à un bonus de +1 que j’ai octroyé à Joubert (ce n’est pas du simple favoritisme, il est juste de dire qu’il s’est plus distingué qu’Argenteau lors de la campagne d’Italie). Le général français, sévèrement sermonné par son chef Meynier dans un courrier reçu avant la bataille pour avoir déclenché ce conflit prématuré, est normalement tenu pieds et poings liés par ses ordres. Vu le comportement « volontaire » de Joubert dans la campagne, je propose qu’un test détermine s’il se résout ou non à obéir. Et bien sûr, le test échoue. Meynier ne va pas être content…
Les bataillons français s’engagent donc dans un mouvement d’attaque contre la ligne autrichienne qui n’est pas encore complètement établie.
 

La 70e DB marche prudemment vers l’ennemi. Sur une colline, le chef de brigade Chambarlhac est posté proche de ses canons. Au premier plan, la 4e DB légère sort de Pra.


La 4e DBl avance au bord du ruisseau. Un bataillon de la 70e formé en colonne vient l’épauler.


Les Autrichiens progressent de leur côté.

  Le long de la côte, les renforts de la brigade Garnier pressent leur marche et pénètrent dans Voltri.

Aussitôt, un échange de boulets commence entre la batterie de Joubert et celle de Rukavina. Dès le premier tir, les Français infligent une perte à leurs adversaires. 


Liptay, qui commande toute l’aile gauche autrichienne, réagit en avançant les escadrons de uhlans face à la 4e DB légère de Destaing qui a dépassé Pra (malgré l’interdiction de Meynier). Le bataillon de Salitch se place en défense dans Pegli tandis que la batterie à cheval s’installe en soutien des hommes de Liptay sur le bric Castellacio, qui jouxte le village.



En haut de l’image le long de la route, la batterie de Rukavina.
Au centre, les bataillons de Liptay et la batterie légère venue se poster 
sur le Castellacio aux côtés de son général.
En bas à droite, le village de Pegli occupé et les uhlans face à l’infanterie de Destaing.

Toute la ligne de front s’embrase bientôt et les premiers Français tombent à leur tour.



Tour 2 : il est environ 9h30 et l’attaque française continue. Destaing progresse vers Pegli mais stoppe sa marche en voyant apparaitre les uhlans Meszaros. Il positionne ses deux bataillons sur la route, au sommet d’une petite côte, prêts à accueillir ces malfaisants comme il se doit.
A plusieurs kilomètres en arrière, Garnier qui débouche de Voltri oriente la marche de sa brigade vers la gauche pour se déployer en soutien du centre français.



Le chef de brigade Papin (ça se voit) réunit ses escadrons et se porte au soutien de l’infanterie.

Lors de la phase de tir, les Français rétablissent les pertes à leur profit mais la réplique impériale est sévère. La fusillade s’intensifie. Les pertes augmentent sensiblement : 


Au centre, les grenadiers autrichiens (en haut à droite sur la photo ci-dessus) viennent soutenir la ligne de Rukavina, tandis que Wukassovitch porte ses tirailleurs de l’autre côté du ruisseau pour menacer la gauche de la ligne française. Les Grenzer manquent tout de même leurs tirs contre les hussards français qui sont arrivés en soutien.



Pendant ce temps, la brigade Pittoni progresse avec difficulté dans les vallons escarpés et sur les pentes boisées.


Tour 3 : le général français fait reculer ses cavaliers, un bien trop précieux pour être gâché sous le feu dans un terrain difficile. Les Grenzers tentent un tir d’opportunité qui échoue à nouveau.


La brigade du général Garnier continue sa marche d’approche


Joubert replie également le 1er bataillon de la 3e DB légère qui a déjà pris deux pertes dans les tirs précédents (notamment dues à la batterie lourde autrichienne). Les tirs d’opportunité autrichiens échouent également. Au centre cependant, les combats font rage. Un groupe de Grenzers est éliminé par les tirailleurs de la 3e, tandis que le III/70e DB formé en colonne gravit la pente et attaque subitement la première ligne autrichienne (ci-dessous à droite).



L’attaque est fulgurante : le tir de défense des Allemands est un échec et la ligne ne tient pas au choc, malgré le soutien des grenadiers et l’avantage de la hauteur. Elle doit reculer avec de fortes pertes. Elle passe alors derrière le bataillon de grenadiers que les Français, emportés par leur élan, percutent à son tour après un nouveau tir défensif loupé.

Le centre impérial est en passe d’être percé !



Mais… le jet de combat des Français est catastrophique et la colonne redescend la pente avec pertes et fracas. Surtout avec pertes d’ailleurs, puisqu’elle se retrouve maintenant très en désordre et  même proche de la déroute. Ce sont les risques d’une attaque non soutenue…
Les grenadiers autrichiens ne peuvent avancer en poursuite immédiatement puisqu’il s’agissait de la phase de mouvement des Français, mais leur phase est à suivre.



Un peu plus à droite, Chambarlhac continue de presser la ligne de Liptay. Ses tirailleurs sont une menace très efficace pour la batterie d’artillerie autrichienne sur laquelle ils se livrent au tir aux pigeons. Les pertes s’accumulent dangereusement.



La phase de jeu autrichienne arrive. Mais au centre, Rukavina se contente de réorganiser sa ligne ébranlée, postant les grenadiers sur son front, soutenus par le bataillon mis en désordre lors de la première attaque française. A sa droite, les grenzers de Wukassovitch ne sont guère efficaces mais ils continuent à harceler l’ennemi.
Pittoni progresse toujours très lentement (c’est la 3e fois qu’il n’obtient que deux PC pour ses mouvements, or il ne veut pas laisser distancer son infanterie par sa cavalerie pour ne pas avoir plus de difficultés de déplacements encore.



Des hussards arrivent en renforts au centre mais ne semblent pas pressés d’aller au casse-pipe : ils n’obtiennent qu’un seul mouvement.

Sur la gauche, Liptay décide d’agir. Il fait avancer toute sa ligne et un escadron de uhlans pour soutenir sa batterie menacée mais il est trop tard.



Les tirailleurs français achèvent les servants et les canons sont réduits au silence. A noter que la batterie ne peut plus tirer mais n’est pas perdue pour autant : si les Autrichiens conservent la position, ils récupèrent leurs pièces et pourront réorganiser l’unité après le combat.



Au centre, les tirs sont encore très meurtriers et les tirailleurs des deux camps s’entretuent. La batterie lourde autrichienne continue de prélever son quota de pertes, cette fois-ci sur un des bataillons qui tiennent la ligne du ruisseau, face aux grenadiers de Rukavina. Les républicains tiennent toutefois le choc sans broncher (test de moral réussi).

Tour 4 : il est 11h00. On se bat depuis plusieurs heures et la ligne française est désormais bien entamée. La brigade de réserve arrive au centre mais elle n’est pas du même niveau que celle de Joubert dont les bataillons sont désormais bien réduits par le feu autrichien. Le général commande donc un repli vers les brics du centre et sa position initiale. Mais là encore, les Autrichiens déclenchent des tirs d’opportunité meurtriers. Le III/70e craque et prend la fuite. La 3e DB légère effectue son repli en bon ordre.



Chambarlhac s’aperçoit qu’il n’est plus soutenu à gauche. Il suspend sa marche en avant et ses bataillons reculent en délivrant un feu meurtrier. Destaing revient également vers Pra tout en déportant un de ses bataillons en soutien du centre de Chabarlhac maintenant menacé par les uhlans.

Liptay qui voit enfin arriver les hussards de réserve en soutien, s’avance résolument, malgré le soutien très inefficace de la batterie à cheval de Salitch qui enchaine un troisième « 1 ».




A l’autre bout du front, Argenteau s’est porté à la hauteur de Pittoni pour tenter de hâter sa marche, mais la colonne empêtrée sur les coteaux boisés ne progresse pas plus vite pour autant.



Tour 5 : 11h30. Joubert parvient à refaire une ligne de défense cohérente grâce à l’arrivée de la brigade de Garnier. Il rallie un de ses bataillons légers tandis que son collègue, qui obtient –enfin – un bon jet de commandement, peut placer ses troupes et surtout déployer une batterie de réserve qui arrivait derrière sa brigade. (J’avais oublié de faire entrer cette unité que j’ai donc rajouté en queue de colonne en cours de jeu).



A droite, la 70e DB recule sous des tirs ennemis inoffensifs. La 4e DBl, qui ne craint rien des troupes face à elle, reste en appui sur sa droite.

Dans la phase autrichienne, Pittoni continue avec ses dés pitoyables. Il décide toutefois de placer ses 2 PC sur l’infanterie, permettant ainsi de déboucher en surplomb des Français. Wukassowitch le soutient sur sa gauche mais Rukavina choisit de rester immobile sur son mamelon au centre.



A gauche, Liptay continue son avance mais les tirs français portent et mettent un coup d’arrêt à sa progression. Un des bataillons est même forcé à se replier.

Au tour 6 (midi), les Français ne bougent toujours pas et se consacrent à une séance de tir monstrueuse : ils font 4 pertes et provoquent 2 repli dans les unités ennemies.

Ça ne parait pas grand-chose dit comme ça, mais dans notre système, outre des unités affaiblies, cela impacte la cohérence des lignes d’attaque adverses qui est brisée. Ceci a pour conséquence de retarder leur action mais aussi de priver des unités de leurs soutiens, voire d’en affaiblir certaines au point qu’elles sont moralement ébranlées et ne peuvent plus aller de l’avant. Ceci mettra fin aux velléités d’attaque sur l’aile de Liptay qui décide de se consacrer à la défense de Pegli.



Les Kayserliks espèrent se racheter de l’autre côté de la ligne, mais – évidemment – nos amis Pittoni et Argenteau n’ont que leurs habituels 2 PC pour agir. Cela leur permet au moins d’installer leur batterie et de continuer à faire pression sur la ligne française.



Tour 7 : il est 12h30 et en attendant l’attaque imminente, les Français se contentent de rallier quelques unités et de tirer.



C’est alors qu’Argenteau et Pittoni décident de se réveiller. Avec 5 PC, ils peuvent enfin agir : leur cavalerie progresse et sort des sous-bois sur le flanc français tandis que l’infanterie s’avance, menaçante, avec le soutien de Wukassovitch.
Rien à dire du côté de la mer, Liptay se contentant de rallier un bataillon.


Vers 13h00, les hussards autrichiens font irruption sur le flanc gauche des Français…

Tour 8 : Malheureusement pour les Autrichiens, un autre bon tir français inflige des pertes substantielles à Wukassovitch et lui interdit d’avancer (ci-dessous le bataillon de droite). L’attaque de Pittoni se produit tout de même. D’autant que le tir de défense du I/3e DB légère ne porte pas. Le bataillon français tient tout de même le choc moral (i.e. il réussit son test) et l’affrontement va avoir lieu.


Pendant ce temps, le général Pittoni mène lui-même son second bataillon en soutien, formé en une profonde colonne. Cette formation n’est pas habituelle pour les Autrichiens mais le général l’a adoptée car l’unité avance face à la cavalerie française et sa colonne lui permettra d’adopter plus facilement une formation défensive en cas de charge d’opportunité*. C’est évidemment ce qui se passe. Les hussards, bien qu’inférieurs, tentent une attaque désespérée pour briser le rouleau compresseur allemand. Pittoni réussit son test de moral et la colonne se forme en défense.


* J’ai peur qu’on puisse ici discuter du bien fondé d’autoriser les Autrichiens de 1796 à utiliser la colonne d’attaque. Nicolas-Rémy saura certainement éclairer notre lanterne à ce sujet. Pour ma part, je n’avais pas joué Révolution depuis longtemps et j’ai… zappé les contingences d’époque :) De plus, sortant tout juste d’une bataille 1814, je l’ai laissé passer sans sourciller un instant. Bon, on la justifiera après coup par la situation – une infanterie qui avance face à de la cavalerie – mais surtout parce que l’exiguïté du terrain ne permettait pas vraiment de se déployer autrement. Mais on peut p’têt’ crier à l’hérésie… :))

Pendant ce temps, les hussards hongrois lancent la charge qui, malgré une contre-charge réussie, va pulvériser l’autre moitié des cavaliers français. Ceux-ci prennent la fuite en laissant le malheureux chef de brigade Papin au milieu des cadavres républicains, ouvrant complètement le flanc gauche français.



Heureusement, le sort va sourire au général Joubert. D’une part, les hussards attaquant le carré – et qui ne parviennent pas à stopper leur charge – vont réussir l’exploit d’obtenir une égalité (5-1 au d6, ça aide bien). Ils vont donc se replier avec une perte mais ils ont pu stopper la marche de ce mastodonte et se retrouvent surtout dans une position d’où ils peuvent protéger le flanc de l’infanterie.
Egalement, le I/3e DB légère va réaliser le même score contre l’attaque de Pittoni. Le bataillon autrichien s’enfuit avec pas moins de 3 pertes (ci-dessous au centre). Il est rincé et ne devrait plus créer trop de problèmes à la République Immortelle aujourd’hui !



Tour 9 : Mais Joubert (en l’occurrence moi) s’y prend comme un manche et loupe le coche en misant sur le feu (et le hasard) pour repousser ses adversaires. J’aurai dû contre-attaquer mais j’ai joué petit bras...
Bref, je laisse l’initiative aux Autrichiens sans leur faire de mal au feu et j’en paie le prix. La cavalerie française essaie tant bien que mal de faire face aux hussards hongrois : elle est battue et la poursuite percute le flanc d’un bataillon républicain. Pendant ce temps, la batterie de réserve est attaquée par Pittoni et malgré son tir de défense, est prise. La poursuite tape encore le flanc d’un bataillon, à savoir le I/3e DB légère. Ce tour, tous les tests de moral français échouent (contre-charge, mise en carré, etc), c’est la débandade sur l’aile gauche.



Heureusement (pour la 2e fois !) de bons jets de commandement et une action d’éclat de Joubert permettent de rétablir la situation au tour 10 (14h00). Prenant la tête des débris de la cavalerie, le général attaque de flanc les hussards hongrois qui sont battus et prennent la fuite. La poursuite sur leurs collègues donne encore un résultat victorieux grâce au soutien d’un bataillon bien avancé et à la présence de Joubert (général attaché).
Côté infanterie, Garnier permet de rallier le bataillon léger malmené le tour précédent et de ramener plusieurs bataillons face aux troupes de Pittoni bien fatiguées. Celui-ci parvient encore à repousser une contre-attaque mais il est blessé dans l’affaire. Autre aide non négligeable : les tirs français continuent à être très meurtriers. Ainsi les hommes de Wukassovitch et les bataillons de Rukavina qui essuient des feux dévastateurs sont au bord de la rupture et leur faiblesse ne pourra leur permettre d’agir offensivement dans leur phase de jeu à suivre.


A ce stade de la bataille, la situation va devenir vraiment compliquée. On sent que tout peut basculer d’un côté ou d’un autre et se terminer en carnage pour l’une des deux armées. Les tirs ont été particulièrement meurtriers tout au long de la partie (relativement peu n’ont pas porté) et les unités sont donc très affaiblies. Tout au long des 3 derniers tours, les tirs français seront généralement supérieurs à ceux des impériaux, tandis que la batterie lourde de ceux-ci s’est mise à accumuler les mauvais dés. Ainsi 2 des 3 bataillons de Pittoni et Wukassovitch et la moitié des hussards ne peuvent attaquer. La situation est donc précaire.

Avant la partie, nous avions bien entendu avec mon partenaire qu’il s’agissait d’un combat d’avant-garde et non d’une lutte à mort jusqu’au dernier homme, comme on peut souvent le voir sur les tables de jeu. Nous décidons donc de considérer ce qui semble le plus logique dans le cadre de la campagne.

Après avoir été repoussés, les Français se sont refait la cerise sur une solide position défensive. Les Autrichiens ont tenté leur chance à leur tour mais leurs unités sont maintenant tellement affaiblies qu’ils ne semblent pas en mesure de forcer la décision (à noter que leurs unités étaient plus grosses mais moins nombreuses que celles des républicains, sans compter que 3 bataillons sur 8 sont en manque de ravitaillement).
Les deux camps ont manqué de peu de faire un coup d’éclat mais les occasions semblent passées.

Bref, nous décidons de mettre fin à l’engagement. Il est 14h30. L’Autrichien suspend son attaque et se retire vers Pegli. Mes Français peuvent s’estimer heureux de rester sur des positions qu’ils n’auraient jamais dû quitter ce matin-même. Vu la durée de l’affrontement et les difficultés des marches dans cette zone de contreforts montagneux, il n’y a rien d’étonnant à ce que les troupes aient besoin de souffler à ce moment-là.

A noter que je n’ai pas compté de malus pour l’infanterie de Salitch et Pittoni qui était pourtant supposée être en manque de ravitaillement. Les grenadiers et les hussards hongrois étaient (Elite), ainsi que les bataillons légers français. Les bataillons de réserve de Garnier (Inférieur).
Le bon comportement au feu des 2 bataillons de Pittoni est à noter (peut-être pour faire évoluer leur moral ou leur capacité combattive vers le haut un peu plus tard dans la campagne, si les règles qu’utilisent les joueurs le permettent).
Chez les Français, je n’ai pas non plus compté l’artillerie supérieure à son homologue autrichienne (mais mes jets de dés ont été globalement très bons), en revanche les tirailleurs oui. Toutes ces valeurs ont été décidées en accord avec l’arbitre.
La cavalerie française a bien pris dans la tronche mais elle ne s’est pas si mal tenue et a surtout sauvé la situation en fin de bataille. Joubert et Pittoni se sont distingués en n’hésitant pas à mener leurs troupes au combat.



Les résultats de cette affaire peuvent paraître un peu « partiels », mais je crois qu’ils correspondent relativement bien à ce type d’engagements et aux consignes données par les joueurs impliqués sur carte.

Pour finir :
Le total des pertes sur le terrain s’élève (sauf oubli) à 36 PF chez les Autrichiens contre 27 chez les Français.
Certains officiers ont senti les balles siffler à leurs oreilles à plusieurs reprises (comme Garnier et Rukavina) mais finalement seul Pittoni est touché (+ le malheureux et imaginaire Papin). La blessure n’est pas mortelle mais suffisante pour le mettre hors de combat quelques jours.

Pour la récupération et le comptage des pertes, j’ai dû inventer un système qui sera probablement à perfectionner. Voici comment j’ai procédé :
Comme les « pertes » représentent dans notre règle autant la réduction des effectifs que l’épuisement des munitions, la baisse du moral ou la perte d’efficacité globale de la troupe, chaque unité qui a subi au moins deux pertes en récupère une d’office (les trainards rejoignent les rangs, la tension et le stress baissent d’un cran, etc).
Ensuite, elle teste son moral pour récupérer 1, voire 2 pertes de plus.
Quoiqu’il en soit, elle en gardera au moins une.
Ensuite cette perte équivaut à environ 30 hommes si l’unité a uniquement essuyé les feux de l’infanterie ennemie, 50 hommes si elle a été sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie ennemies, 100 hommes si l’unité a été au combat corps-à-corps, 120 si elle est partie en déroute.
Les tests de moral peuvent être modifiés : +1 au jet si le camp garde la maitrise du champ de bataille, -1 si il quitte le champ de bataille, -1 s’il y a poursuite adverse, etc.

Au final, j’arrive aux pertes suivantes :
Français : 930 fantassins + les pertes des Cies légères + 160 à 180 hussards
3e DBl : environ 300 hommes perdus à répartir à peu près équitablement sur ses 2 bataillons
4e DBl : 50 hommes sur un seul bat°
70e DB : 50 hommes au Ier bat°, 300 au IIIe bat°
Batterie à pied : qqs servants h. de c.
Les Cies de chasseurs : 1/6 de l’effectif initial
Brigade Garnier (pertes par bataillons) : 150, 50, 30 et 0.
Batterie de réserve : pièces conservées mais les servants sont très touchés. Elle doit être réorganisée.
1er hussards : 160 à 180 hommes hors de combat.

Autrichiens : 1280 fantassins h. de c. environ + 200 cavaliers
Wukassovitch : environ 300 fantassins perdus
Rukavina : environ 150 fantassins perdus + 100 grenadiers + 100 grenzers + batterie à réorganiser (id. batterie française)
Liptay : environ 150 + 80 fantassins perdus sur 2 bat° + 30 uhlans
Pittoni : environ 250 + 150 fantassins perdus sur 2 bat° + 120 hussards
Hussards en réserve : environ 50 hommes perdus sous le feu

Pour moi, il s’agit d’un combat sans résultats décisifs, bien qu’avec de lourdes pertes à la clé. Les Français peuvent faire un peu de propagande en se targuant d’avoir repoussé l’adversaire (et en oubliant de mentionner leur échec initial), ça fera toujours bonne impression sur les populations « libérées ». Mais le moral autrichien n’a pas trop de raisons d’être entamé.


à une prochaine fois pour la suite de la campagne, en espérant qu'en la sale période que nous traversons, cette lecture vous aura changé les idées pour le mieux. Bon courage à tous !

5 commentaires:

Le Marquis35 a dit…

Voici qui nous plonge à nouveau dans la campagne, ce qui nous fait le plus grand bien au moral. Très beau compte rendu, votre système de jeu a l air très au point. Philippe ex VITALE.

Borodino a dit…

C'est mieux qu'un récit historique, superbe compte rendu, ça donne envie de jouer.

Florent a dit…

Merci Franck et aux autres joueurs et animateurs de votre club, vous apportez un soutien précieux à notre campagne, sans compter les images de cette belle table qui nourrissent nos imaginaires... Un de ces quatre (ou un de ces huit) il faudra qu'on fasse une descente de bretons sur Clermont pour pousser du plomb avec vous !!
Bonne continuation à tous
FLorent

Anonyme a dit…

Bonjour, je me présente l'autre Frank, celui qui joue sur la carte stratégique le général d'Argenteau. Merci à tous les pousseurs de plomb pour cette superbe bataille sur table et encore bravo à Franck, pour son article digne d'un correspondant de guerre. Cela fut superbement intéressant à lire, surtout de mon point de vue de général ayant donné des ordres en début de bataille.
Je suis à la fois content de l'orientation que j'avais donné en début de bataille et de la réalisation sur la partie ; merci au côté autrichien de cette bataille. J'avais escompté une attaque le long de la côte par le français et j'y avais posté mes meilleures troupes : Liptay et Rukavina, avec le soutien de Salitch, des grenadiers et des hulans. Et cela ne fut pas de trop car le choc a été dur...
Les meilleures troupes (et les meilleurs chefs) protégeant ma ligne de repli, je devais composer avec le reste : Pittony (classé très moyen)+ Wukassovitch. Leurs confier l'attaque d'enveloppement de l'aile française était risquée mais on fait avec ce qu'on a. Dans mes rêves les plus optimistes, l'aile française se repliait avec moultes pertes, en pleine panique et forçait toute l'armée française à une retraite entassée sur de piètres routes. Mais ces rustres de français ont su tenir !
Je n'en suis pas moins satisfait car nos troupes ont su montré que le français peut être stoppé et c'est le début d'une autre histoire qui s'écrit : la fin de la Révolution Française et de ses héritiers !
En tant que joueur, je vous félicite pour cette belle bataille et en tant que général, je distribue quelques médailles bien méritées et je m'engage de retour à Vienne, à faire taire les mauvaises langues peu flatteuses avec le courage du général Pittony.
Et bien entendu, je compte sur vous, pour clamer bien fort :"Vive l'Empereur... d'Autriche" !

Syl a dit…

Splendide travail de bout en bout, merci !
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