(Un tout petit peu plus tard que promis, voici le CR. Je devais récupérer toutes les photos avant)
Fin avril, nous avons joué la bataille de Seven Pines/Fair
Oaks livrée le 31 mai 1862 aux portes de Richmond. C’était notre première
« grande » bataille de Sécession qui couvrait les 6 mètres de la
table de Christian. Le scénario prévoyait d’engager de 83 à 90 régiments
d’infanterie et 13 batteries d’artillerie.
Pour l’occasion, nous accueillions Julien, qui avait déjà
participé à notre Leipzig 2013. Il habite désormais près de Clermont et on
espère le voir plus souvent parmi nous. Il y avait aussi Jérémie qui a commencé
à jouer avec nous il y a deux mois environ. Christophe, Christian et moi-même
complétions le groupe. Stéphane, un de nos anciens joueurs parti s’installer à
Dunkerque, devait aussi faire partie de l’équipe mais il y a eu quelques
complications de dernières minutes et il n’a pu participer.
Mise en place de la table. Au premier plan - la Nine Mile Road qui rejoint
Fair Oaks Station (en milieu de table) ; au fond - la position de Seven Pines.
Compte-tenu du temps exécrable des jours précédant la bataille,
les chemins sont difficilement praticables et le terrain déjà marécageux du
White Oak Swamp est transformé en pataugeoire. Des témoignages disent que les
hommes attaquent avec de l’eau jusqu’aux hanches. Je me demande comment on peut
arriver à se déplacer dans ces conditions mais bon…
Du coup, l’artillerie sudiste n’a sans doute pas pu suivre.
Et effectivement je n’ai trouvé trace que de 2 batteries face aux positions
préparées de l’Union. Nous livrerons donc bataille avec 8 malheureux canons du
côté rebelle face à pas moins de… 56 pièces !
De plus, il semble bien que si le plan de Johnston prévoyait
d’attaquer les nordistes avec la supériorité numérique, les chemins
embouteillés par les mauvaises manœuvres de Longstreet n’aient jamais permis
d’en profiter. Le combat verra donc s’affronter un nombre à peu près équivalent
dans les deux camps.
La position de la division Casey avant l'attaque,
avec les maisons jumelles fabriquées par Jérémie.
La parité des effectifs et le déséquilibre de l’artillerie
m’a fait reconsidérer les valeurs des troupes sur la table. Les généraux
nordistes avaient placé en première ligne la division Casey, entièrement
composée de jeunes recrues. J’hésitais tout d’abord à donner ce statut à 12
régiments en me disant que le Nord risquait d’être très défavorisé. J’ai finalement
opté pour leur conserver cette valeur « Recrue » qui serait compensé
par les renforts. En face, la première vague sudiste, celle qui a remporté le
plus de succès historiquement, recevait une valeur « élite ». Ça
risquait de faire mal…
Avant de commencer, j’ai dû composer avec le hic de dernière
minute, car il y en a toujours un : l’un de nos joueurs ne peut finalement
pas venir. Il me faut réorganiser le scénario vite fait alors que la bataille
est déjà lancée entre Julien et Jérémie. J’improvise, je transforme un joueur
nordiste en sudiste et décide d’adapter l’arrivée des renforts. Finalement 2
brigades de chaque côté n’entreront pas sur la table, ainsi que 10 pièces
nordistes. Vu les dégâts terribles occasionnés par le feu de l’artillerie,
c’était sans doute judicieux de les laisser de côté.
La division de D.H. Hill (Jérémie) fait face à la position
des deux maisons jumelles, en avant de Seven Pines, tenue par les recrues de la
division Casey (Julien). Les brigades de choc de Garland et Rodes s’élancent
contre les fortifs. Jusque-là, rien de bien terrible, mais en même temps,
Julien a la surprise de voir une brigade supplémentaire sortir des bois
marécageux directement sur son flanc gauche. Bienvenu au club !
Les deux premiers tours, Jérémie attaque très franchement. Mais
les dés devant l’irruption de la marche
de flanc de la brigade Rains.
Vue depuis l'arrière des lignes nordistes, on distingue très bien la brigade Rains qui, à l'extrême gauche de l'image, vient de sortir des bois. Au centre, Rodes et à droite Garland complètent l'attaque.
La faible artillerie de D. H. Hill au début de la bataille. Son soutien sera tout de même précieux.
Peu après, de l’autre côté de la table, les troupes de la
division Whiting (Christophe) débouchent de la Nine Mile Road en direction de
Seven Pines. Elles doivent porter le coup décisif contre l’aile gauche de
Julien. Mais elles tombent nez à nez avec une brigade du général Couch (Christian)
qui menace leur flanc.
De ce côté-ci, l’enjeu est de tenir le carrefour de la gare
de Fair Oaks qui permettrait aux rebelles de réaliser leur attaque de flanc. A
ce stade-là, Christophe choisit d’ignorer le carrefour et se porte avec ses
deux brigades contre celle de Couch. Il a dû vouloir profiter de sa supériorité
numérique pour l’écraser avant l’arrivée des inévitables renforts US dans ce
secteur. Après quoi il pourrait se rabattre sur la gare. Etait-ce la bonne
solution ? Pas sûr. Car Christian, bien que malmené, parvient à soutenir
le premier choc jusqu’à l’arrivée d’une brigade de renfort qui se précipite
vers Fair Oaks. Les renforts de Christophe suivent au pas de course mais ils
arriveront légèrement trop tard au carrefour : la route est coupée. Il va
falloir se battre pour la rouvrir.
Couch doit faire face aux nombreuses troupes de Whiting.
Rapidement, un premier régiment US a volé en éclats et la ligne est menacée de flanc sur la route; Heureusement pour l'Union, une brigade de renfort se profile à l'horizon
qui va calmer les ardeurs de notre impétueux sudiste.
Les renforts de Whiting filent vers la gare de Fair Oaks.
Sur la droite, Jérémie a redressé la situation au dé. Il
prend même un bel ascendant sur son adversaire et Julien est sur le reculoir.
De plus celui-ci ne peut pas renforcer efficacement sa gauche car je viens d’entrer
au centre de la table avec les troupes de R.H. Anderson : les brigades de
Micah Jenkins et James Kemper vont venir appuyer l’attaque contre les fortifs.
Les bons dés de D. H. Hill.
Kemper et Jenkins entrent en scène.
Bien sûr des renforts US arrivent également : au loin
vers Seven Pines, les brigades de la division Kearny déboulent avec de
nouvelles batteries d’artillerie.
Tout à fait en haut de l'image, Kearny pointe son nez.
Pour pallier notre carence dans le secteur de l’artillerie,
j’avais prévu une règle spéciale qui permettait aux sudistes de retourner les
pièces capturées contre leurs anciens possesseurs. J’avais trouvé mention d’un
truc comme ça dans les rapports officiels et ça m’a donné l’idée d’en profiter.
D’autant qu’une des unités de la brigade Rodes étaient un « Heavy Artillery Battalion » tiré
des défenses de Richmond et équipé en infanterie, ce qui permettait facilement
de pourvoir les canons pris en servants.
Les nordistes ne connaissaient pas cette règle spéciale mais
j’avais laissé le choix à Julien d’enclouer ses pièces plutôt que de tenter de
résister en cas de corps à corps. Il a dû se demander pourquoi je lui donnais
cette possibilité saugrenue mais il a fini par comprendre lorsqu’une première
batterie prise s’est retournée contre lui. Il jouera pourtant bien le jeu de la
résistance à tout prix pour gagner du temps jusqu’à l’arrivée de ses renforts
plutôt que d’être tenté de replier sa ligne – et ses précieuses batteries.
Jérémie réussira à lui prendre 10 canons (égalant exactement le bilan
historique !) au prix de fortes pertes.
Au premier plan, une première batterie US prise par Jérémie
va bientôt être retournée contre ses anciens propriétaires.
En haut à gauche, juste au dessus de la route, Kemper et Jenkins avancent.
A l'opposé, Kearny galopent pour les contrer.
Il a aussi envoyé une brigade et 2 batteries vers la droite des rebelles.
De mon côté, tandis que Jérémie attaque à outrance et
grignote le terrain pied à pied, je décide logiquement d’engager l’ennemi au
feu pour l’attendrir en vue du corps à corps. Nos pertes sont réciproques mais
ma deuxième ligne me permet rapidement de faire intervenir des tireurs frais
pour enfoncer le clou. Mais je n’enfonce rien du tout. Les deux régiments qui
me sont opposés tiennent encore et je ne les attaque pas, persuadé de pouvoir les
finir au tir. C’est certainement une erreur. J’aurais dû tenter de les exploser
définitivement par une charge. C’est intéressant de constater qu’une petite décision peut
avoir des conséquences importantes sur le reste de la partie.
En haut à droite, je perds du temps en n'attaquant pas immédiatement
les deux maigres régiments qui me sont opposés.
Plein centre, Julien lance un de ses régiments dans une
contre-attaque sur le flanc d’une des unités de Jérémie qui vient de franchir
la fortification. Son régiment est détruit le tour suivant mais avec le recul,
on sait que son sacrifice a permis de gagner un temps précieux (un tour complet)
puisqu’il nous faut réorganiser notre assaut. Là encore, il est intéressant de
constater qu’une petite décision de jeu qui parait quasi insignifiante
peut-être lourde de conséquences…
Au centre, Jérémie s'empare du parapet.
Julien a prudemment replié la batterie qui occupait la lunette sur le monticule en arrière.
Dans la lunette, le régiment va bientôt se faire prendre de flanc par les nordistes sur sa gauche. Sur le monticule, les rebelles lancent charges sur charges contre les batteries US.
u premier plan, Jérémie a encore pris une section d'artillerie. L'autre portion de la batterie a pu se redéployer devant les maisons jumelles.
La même vue mais qui montre une nouvelle batterie nordiste qui s'installe en deuxième ligne.
Les renforts sont là.
Car en effet, les renforts de Kearny avancent vite :
une brigade contre moi et une autre contre l’aile droite où Jérémie a concentré
toutes nos pièces d’artillerie ainsi que celles qui ont été prises. Ces
batteries vont faire des ravages mais ne peuvent plus apporter le soutien
initialement prévu pour acheber le centre nordiste chancelant autour des
maisons jumelles.
Pour ma part, je parviens enfin à achever ces deux
malheureux régiments mais je butte contre la partie gauche de la fortif encore
aux mains de l’Union. Elle repousse mon premier assaut et la brigade de Kearny
est désormais en ligne contre moi. J’ai perdu du temps et je n’ai pas progressé
d’un pouce depuis 3 tours ! Au contraire, Julien a pris la marée mais sans
jamais lâcher complètement, ce qui lui a permis de voir arriver ses renforts à
temps face à des adversaires amoindris.
Jérémie a pris une nouvelle batterie et va écraser Casey.
Mais je constate un peu désemparé qu’à ma droite, Jérémie a
suspendu son attaque contre les deux régiments qui tiennent encore le centre
nordiste pour reconstituer sa ligne face à une brigade adverse de renfort. Du
coup, le prochain assaut sudiste se fait avec une partie seulement des troupes
disponibles. Bon sang, je suis sûr qu’on avait le temps de détruire ces deux unités,
ce qui aurait forcément conduit Julien à reconsidérer sa marche contre notre
aile droite, de peur d’être pris de flanc depuis la position des maisons
jumelles.
Comme toujours dans ces cas-là, l’attaque plus molle qu’elle
n’aurait dû être est mise en échec. En ça, je considère que le jeu et les dés
restituent parfaitement la réalité : si on ne tape pas un grand coup sur
l’adversaire aux abois, on lui laisse le temps de reprendre son souffle et de
l’initiative par la même occasion.
D.H. Hill est interloqué par l'arrivée de renforts ennemis : il va suspendre son attaque au centre un peu prématurément devant cette lointaine menace. Julien quant à lui semble serein.
De retour du côté de Fair Oaks, la situation ne s’est pas
arrangée pour les rebelles. De nouveaux renforts nordistes ont permis de
retourner la situation entre Couch et Whiting. Le général Pettigrew a même fait
les frais d’une charge trop hasardeuse. Les deux brigades de Whiting seront finalement
mises en déroute. Autour de la gare, les combats sont vraiment d’une rare intensité. A tour de rôle, les adversaires s’emparent
de la position puis la perdent jusqu’à ce que les sudistes prennent le dessus.
Le fameux général Wade Hampton va achever l’ennemi. Il mène lui-même une
attaque très favorable (genre +2 ou +3 sur 1d6) et là… tout fout le camp. Le
6-1 fatidique, le régiment en déroute, Hampton mis hors de combat par un
nouveau jet « merveilleux » et la situation est encore une fois retournée.
Sauf que Christophe n’a plus une seule unité fraîche et au tour suivant, comme
par enchantement, toutes les unités sudistes partent en déroutent ou
capitulent. Les pertes ont été lourdes des deux côtés mais il reste encore 5 ou
6 régiments d’aplomb que Couch peut faire marcher à fond de train contre mon
aile gauche. Christophe n’a plus de troupes. ça a été un tel carnage que je ne peux même pas vous montrer de photos… Bon en fait, comme souvent, l'intensité était telle que l'on a fait beaucoup moins d'images en fin de bataille. Désolé, la fin va être plus spartiate. Mais elle est proche aussi :
Je suis enfin parvenu à prendre le dernier tronçon des
fortifications mais mes troupes sont sérieusement engagées contre Kearny qui me
force même à replier ma gauche.
Pour nous arrive un constat pas génial : « on n’a plus
de troupes fraîches et eux si », suivi d’un choix cornélien : « on
fait quoi maintenant ? » Jérémie, qui sera décidemment parfait dans
le rôle du général Hood et un peu moins dans celui de Longstreet dans notre
prochain remake de Gettysburg, répond comme
un seul homme : « on attaque ! »
Pas du tout convaincu, je me laisse emporter dans l’affreux
désespoir du joueur qui sent pointer le dernier tour mais qui n’aura pas le
souci de reconstruire son armée le lendemain pour continuer la guerre : je
fonce avec tout ce qui tient encore debout, c’est-à-dire pas grand-chose. La
théorie du tout pour le tout. Et là, miracle…
En haut de l'image, j'ai enfin pu prendre le parapet
mais mes brigades sont maintenant complètement occupées contre Kearny.
ça va passer ou ça va casser ?
... Eh ben non, pas miracle du tout. Presque
toutes mes charges sont repoussées par les tirs de défense adverses et
logiquement, les quelques régiments qui arrivent au contact sans soutien sont
repoussés avec de nouvelles pertes.
Jérémie en conclue que oui, peut-être qu’il aurait mieux valu
se rabattre complètement sur le centre tout à l’heure, histoire d’en finir plus
vite. Quant à moi, je signale que le premier régiment de Couch/Christian arrive
déjà à portée de tir sur mon aile gauche déplumée. Bref, la bataille est finie.
Au décompte des points (pertes et contrôle des objectifs), on
s’équilibre en léger avantage pour l’Union. Mais l’affaire a été un vrai, vrai
carnage.
La bataille a duré
environ 5h30, ce qui me semble tout à fait honorable pour un affrontement de
cette taille.
Côté effectifs : Christophe
a dirigé 12 rgts (65 Points de Force) sans artillerie contre 13 rgts et 8
canons à Christian (65 + 8 = 73 PF)
De notre côté, nous
avions 26 rgts rebelles et 8 canons (114 + 8 = 122 PF) contre 21 et 38 pièces
(95 + 38 = 133 PF). Avec les fortifications et le différentiel de canons, on
voit que les 4 rgts d'écart en notre faveur sont largement comblés et même
dépassés. Et aussi les 10 rgts "Elite" que nous avions, puisque
Jérémie a oublié de les compter comme tels dans ses combats. Erreur classique de
débutant.
Je
suis content à plusieurs titres, tant dans le jeu que par rapport à la règle (une version modifiée de notre règle napoléonienne "Batailles impériales").
D'abord
la fortif même bien garnie ne s’est pas avérée imprenable et une armée quasi
dépourvue d'artillerie peut faire plus que tenir le choc. Ensuite je suis
satisfait aussi de voir la fluidité du jeu, notamment avec Julien qui, bien
qu'étant un joueur d'expérience, a tout de même dirigé 21 rgts et 7 batteries
seuls sans problèmes majeurs.
Au niveau des PV, on
aurait aussi pu rajouter qqs points pour les canons pris à l'ennemi. Ce qui ne
changeait par ailleurs rien au résultat final mais ça peut être une bonne idée
de les inclure à l'avenir. Et peut-être se procurer quelques canons sans socles
pour les marquer sur la table.
Bref, une excellente bataille qui ouvre des perspectives
pour de futurs grands affrontements, d’autant qu’on a encore des régiments non
engagés qui ne demandent qu’à intervenir. A refaire donc !
Merci à Christian, Christophe et Jérémie pour les photos.
(les photos en NB sont de Jérémie Lefebvre : http://www.jeremielefebvre.fr/)
5 commentaires:
Bonsoir,
je suis intéressé pour participer à une belle partie "Sécession" comme celle-ci, mais quelle est la règle que vous jouez ?
La règle est une production maison avec laquelle on joue habituellement Empire et que l'on vient d'adapter à la Sécession. Et ça marche bien.
C'est pas Jean-Pierre sur la photo de l'avatar ?
Ciao,
comme toujours la table est magnifique et nous rappelle que le multi joueurs est toujours riche d'expériences.
Petite mention spéciale pour la "règle particulière" de capture des canons seulement connue des Sudistes.
Vivement les suivantes, comme toujours ! :-D
A great looking gaming room and superb layout. Add the beautiful figures and you have all the ingredients for a brilliant gaming experience.
Tony.
Merci pour ce superbe reportage !
Bravo !
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